Certaines questions font facilement parler les gens, comme : « que feriez-vous si vous gagniez au Loto ? ». Les réponses les plus spontanées sont : achat de maison, de voiture, ou partir en voyage. Mais qui répondrait : « j’investirais » ? Quelle qu’en soit son origine, supposons que vous disposiez de cette somme, comment investir 500 000 euros ? Intéressons-nous dans cet article à des exemples de stratégies d’investissement.
Avant d'investir 500 000 euros
À l’occasion d’un enjeu dont l’ampleur sort de notre norme, notre cerveau doit se mobiliser pleinement pour réfléchir au choix posé. À moins d’être, a minima, multimillionnaire, investir 500 000 € peut illustrer un tel exercice. En amont de la moindre décision, il faut d’abord se poser des questions. Investir pour qui, pour quoi, à quels horizons de temps ? À défaut de pouvoir être exhaustif, tenons-nous-en ici à étudier quelques pistes crédibles, comme pour investir 100 000 euros.
L’argent, comme le temps, est une ressource en quantité finie. Chaque euro, ou minute, dédiée à A, le sera au détriment de B, C et D. Nous faisons des arbitrages tous les jours, sans parfois même nous en rendre compte. Ces derniers sont parfois opérés de façon inconsciente, que ce soit par habitude, ou par paresse intellectuelle.
Identifier ses projets pour placer 500 000 euros
Investir 500 000 € : l’importance de l’épargne de précaution
Quelle que soit notre situation financière, il faut commencer par répondre à un besoin immédiat : l’épargne de précaution. Il est souvent conseillé de détenir 3 à 6 mois de revenus, sur des supports sans risque (compte courant, livret A, fonds euro d’assurance-vie, etc.). L’objectif est clair : tenter de faire face à l’inconnu, auquel le futur nous condamne tous. Voiture qui tombe en panne, hausse de charges de copropriété imprévue, frigo qui rend l’âme.
Aussi agaçants que banals, tous ces événements ont en commun d’exercer sur nous une charge mentale, ainsi que financière. Pour la première, chacun sa méthode. Pour la seconde, pas le choix : il faut dépenser de l’argent. Si nous n’avons pas de matelas de sécurité, nos choix seront tous sous-optimaux : par exemple retirer de l’argent que nous voulions réserver aux études de nos enfants, ou à notre retraite. Voire pire : contracter un emprunt à la consommation, dont le taux avoisine les 3 % par an, sur 2 ans. Plus la somme ponctionnée sera grande, plus nous mettrons à mal la bonne réalisation du projet impacté.
En effet, il faut prévoir de faire face à l’imprévu, en lui dédiant une « case finances ». Évidemment, le montant de cette épargne dépend de nombreux facteurs : célibataire ou en couple, avec ou sans enfant, salarié ou libéral, etc. À chacun de trouver ce qui lui convient.
Investir 500 000 € : identifier ses projets
Une fois cette épargne de précaution constituée, un effort crucial reste à faire : l’identification des projets de vie. Comme cité plus haut, les études des enfants (si on est concerné) et la retraite (on l’est tous !) devraient faire partie des projets d’une majorité d’épargnants. Ensuite, envisager un achat immobilier, investir dans votre société, prévoir un grand voyage…Chacun ses projets.
Cette réflexion vous parait superflue ? Posez-vous la question suivante : quelle est la meilleure voiture ? Votre réponse est-elle valable pour une famille de 6 personnes, un chauffeur de taxi, ou bien une personne en fauteuil roulant ? De façon similaire, la meilleure allocation de notre argent dépend exclusivement de nos besoins, et de notre tolérance à l’incertitude. Ce qui nous permettra de la maintenir sur la durée prévue. Elle ne dépend pas de la dernière action en Bourse qui fait la une des médias, et sur laquelle nous n’avons aucune emprise.
Pour ces raisons, il est vain de vouloir proposer un guide universel d’investissement de X euros. Donnons néanmoins quelques exemples.
Se connaitre avant de placer 500 000 euros
Loin du tumulte médiatique quotidien qui nous assomme, la finance comportementale est née à la fin des années 1970. Elle étudie la place de la psychologie dans nos décisions financières. Daniel Kahneman et Amos Tversky, références mondiales, ont tous deux laissé un héritage sans précédent dans le domaine.
Leurs travaux ont apporté un éclairage complémentaire à l’approche classique de la finance (qui traite des rapports financiers, du calcul d’indicateurs, etc.). Parmi bien des réflexions, ils ont montré que les expériences vécues pouvaient avoir plus d’incidence que les connaissances. La probabilité de se faire mordre par un chien est faible. Mais si vous vous êtes déjà fait mordre fortement, vous les éviterez avec soin.
Ainsi, certains épargnants ont essuyé de lourdes pertes financières en Bourse, souvent dues à de mauvaises stratégies. Il leur faudra fournir beaucoup d’efforts pour se reprogrammer, et envisager à nouveau d’investir sur ce qui les marqué au fer rouge. Au vu de l’historique des performances d’un portefeuille boursier, mondialement diversifié et investi sur le long terme, ce serait pourtant dans leur intérêt. De telles connaissances leur remettront-elles le pied à l’étrier ?
Encore une bonne raison donc, de ne pas s’engager hâtivement vers une stratégie, en se basant uniquement sur son ressenti. L’investissement basé sur les preuves (EBI) peut être un rempart contre cette tentation.
Placer 500 000 euros : gérer seul ou se faire aider
Quand on doit faire des travaux dans un logement, on a parfois le choix entre les faire tout seul, et se faire aider. Pour les finances, il en est de même. Prenons comme exemples les objectifs de vie suivants, par horizon de placement croissant :
- Une épargne de précaution.
- L’achat d’une maison dans 5 ans.
- Financer les études d’un enfant dans 10 ans.
- Anticiper sa retraite, prévue dans 25 ans.
Placer 500 000 euros tout seul
Avoir défini ses objectifs de vie est déjà un grand pas, que trop peu de gens prennent le temps de faire. Savoir pourquoi on épargne et on place, est plus motivant et incitatif que d’épargner sans projet. Pour la suite, c’est l’éducation financière qui devrait concentrer le gros de vos efforts. On n’investit pas en faisant un simple virement bancaire.
Ainsi, il est préférable connaitre les enveloppes fiscales et leurs spécificités (assurance-vie, PEA…) et identifier sur quoi investir (actions, obligations, immobilier, etc.). Cela demande du temps, mais reste tout à fait faisable. Le site S’investir regorge d’articles qui vous permettront d’améliorer vos connaissances.
Déléguer le placement de 500 000 euros
Par manque de temps ou d’intérêt pour la question, on peut décider de déléguer le placement de 500 000 euros. Ceci est combinable avec la gestion libre. Ainsi, la gestion sous mandat donne pouvoir à une équipe de gérants quant à la façon de gérer cet argent. Evidemment, Il faut être vigilant : avant de confier cette mission, prenez le temps de comparer les candidats. Gestion en ligne de type robo-advisor (Nalo, Yomoni), banque privée, ou conseiller en gestion de patrimoine (CGP).
Exemples de placements de 500 000 euros
En se basant sur les 4 projets de vie retenus plus haut, voici ce que pourrait être un placement de 500 000 euros.
Ces exemples ne sont pas des conseils en investissement. Chacun doit se documenter avant d’investir, et/ou se faire aider par un professionnel. Ce qui suit a simplement vocation d’illustrer quelques stratégies parmi tant d’autres.
Conseils de Mathieu
Epargne de précaution
Pour l’épargne de précaution, avec une hypothèse de salaire mensuel net de 3 000 euros, allouons 18 000 euros au Livret A (6 mois de salaire). C’est donc la fourchette haute de l’épargne que nous considérons, d’après ce qui est souvent conseillé. Si vous dormez mieux en allouant 20 000 ou 25 000 euros, faites-le. Le plafond du Livret A étant de 22 950 euros, il faudra placer le reste ailleurs. Comme sur le LDDS ou sur un fonds euro d’assurance-vie, par exemple.
Constituer une épargne de précaution plus élevée que ce qui est généralement suffisant engendre un coût d’opportunité. En effet, ce « surplus d’épargne » aurait pu être mieux rémunéré. Ceci est secondaire, et ne doit pas vous rendre esclave de ce qui est conseillé. Être serein avec ses finances est une condition nécessaire pour espérer atteindre ses objectifs.
Achat de maison à 5 ans
Horizon de moyen terme
Pour l’achat d’une maison dans 5 ans, l’horizon de placement est ici de moyen terme (entre 3 et 8 ans). Cet objectif est suffisamment lointain pour ne pas tout placer sur un fonds euros d’assurance-vie (allocation trop défensive). Mais trop proche pour tout allouer à des actions (allocation trop risquée). Nous pourrions démarrer ce projet « achat maison « à 20 % actions et 80 % fonds euros.
Au terme de la 1ère année écoulée, nous pourrions rééquilibrer le portefeuille pour atteindre 15 % actions et 85 % fonds euros. Puis 10 % / 90 % après 2 ans, etc. jusqu’à atteindre 100 % fonds euros au bout de 4 ans (1 an avant l’achat). L’idée est de profiter de la performance des actions qui est élevée à long terme, mais aléatoire sur le court terme. Ainsi, sécuriser progressivement l’allocation en vendant des actions pour réinvestir en fonds euros, permet de profiter pleinement de ces 2 classes d’actif. Décidons d’allouer 300 000 € à ce projet.
Comparons les 2 approches suivantes :
- la stratégie décrite ci-dessus (actions et fonds euros, rééquilibrés annuellement);
- une allocation simple, 100 % fonds euros durant 5 ans.
Prenons les performances réelles de l’assurance-vie Linxea Spirit 2, avec les performances :
- de l’indice MSCI World (en euros) pour la partie actions ;
- du fonds euro « Nouvelle Génération » de l’assureur Spirica, qui propose ce contrat.
Année | Performace (%) | |
MSCI World | Fonds euros Spirica | |
2020 | 6,33 | 1,65 |
2021 | 31,07 | 1,65 |
2022 | -12,78 | 2,3 |
2023 | 19,6 | 3,13 |
2024 | 26,6 | 3,13 |
Performances de l’indice MSCI World (€) et du fonds euros Linxea Spirit 2
Résultats de la simulation
Regardons l’évolution de l’encours durant les 5 années de placement :
Brut de fiscalité, les encours atteints au terme des 5 ans seraient d’environ :
- 353 000 euros avec la stratégie actions/fonds euros, en bleu (performance annualisée de 3,3 %) ;
- 337 000 euros avec une approche 100 % fonds euro, en orange (performance annualisée de 2,35 %).
Testons succinctement cette stratégie. Dans le scénario où un krash boursier se serait produit la 4ème année, les actions n’auraient pesé que 5 % dans l’allocation actions/fonds euro. L’impact financier, comme psychologique, aurait donc été maitrisé, permettant la bonne réalisation du projet. Prenons des chiffres : supposons une performance de -20 % du MSCI World en année 4. Soit -20% en 2023, au lieu des 19,6 % réels du tableau précédent. Toute autre performance restant constante, l’encours final aurait été de 346 000 euros. Ce qui reste une performance correcte sur 5 ans, ayant subi un tel revers : 2,89 % annualisée. Passons maintenant au 2nd objectif de vie, qui concerne un enfant.
Financer des études dans 10 ans
Des parents prévoyants anticipent les dépenses d’éducation de leurs enfants avec beaucoup d’avance. Les raisons sont multiples : faire jouer les intérêts composés, et dédier une « case finances » spécifique à ce projet. Le but : leur donner des chances d’avoir un bon avenir professionnel. Même si une telle ambition ne se limite pas à l’argent, celui-ci en fait cependant partie.
Adopter une stratégie de sécurisation progressive, comme illustrée précédemment, serait tout à fait possible. Un horizon de placement plus lointain (10 ans au lieu de 5) permettrait une allocation initiale plus agressive, avec 100 % actions, dégressive ensuite. En année 10, on pourrait envisager de garder 20 ou 30 % en actions, puisque les dépenses s’étaleront probablement sur plusieurs années. Contrairement à l’achat de la maison, qui peut être ponctuel. Sur les 500 000 € à investir, allouons-en 30 000 à cet objectif. Place désormais au dernier projet de vie pris en exemple, un sujet de plus en plus brûlant : la retraite.
Anticiper sa retraite qui débutera dans 25 ans
Prévoir sa propre retraite
Si vous pensez qu’en France, la retraite par répartition est à bout de souffle, vous allez vous préoccuper de la votre par anticipation. Encore davantage si vous êtes professionnel indépendant. À l’instar de nombreux pays où les pensions de retraite versées par l’État sont faibles ou inexistantes, il devient nécessaire de prévoir sa propre pension. Dans le scénario où les caisses de l’État seraient vides quand vous serez à la retraite, vous vous remercierez d’avoir dédié un effort financier à vos vieux jours.
Avec 25 ans devant soi (dans cet exemple), les intérêts composés feront un écart colossal avec un placement médiocre. En France, l’espérance de vie une fois à la retraite est d’environ 20 ans. Pour cette raison, cet horizon de placement à 25 ans n’est pas un point précis, mais le début d’une phase de la vie. À moins que vous en ayez psychologiquement besoin, tout placer sur du fonds euro le jour où vous partirez à la retraite n’est pas souhaitable. Sinon, les 20 années d’inflation à venir se chargeront de grignoter lentement ce capital patiemment construit.
De plus, vous pourriez avoir des objectifs supplémentaires de succession. Dans cette optique, continuer à faire travailler l’argent pourra vous donner plus de latitude. Maintenir 30 % d’actions à la retraite est envisageable, à condition de bien le vivre, et de garder une confortable épargne de précaution à côté.
Simulation de retraite : hypothèses
Sur les 500 000 € à investir, allouons les 150 000 € restants à ce projet retraite. Gardons les actions (ETF World) pour la performance, mais diversifions, pour l’exemple, la partie sécurité entre fonds euro et parts de SCPI. Moyennant des frais, cet investissement pierre papier permet de capter les loyers versés par les occupants d’un parc immobilier, dont on est copropriétaire. Le taux de distribution historique est d’environ 5 %, auxquels s’ajoutent, idéalement, une plus-value à la revente des parts.
Pour cette simulation, faisons les hypothèses suivantes :
- L’investissement concerne la période 2000 – 2024 (25 ans en tout).
- Au 1er jour, 150 000 € sont investis sur un ETF MSCI World (actions).
- Entre 2000 et 2019 (soit 20 ans) : phase d’accroissement. Les gains en actions (ETF) courent librement, car la retraite ne débutera que dans 5 ans.
- Entre 2020 et 2024 (soit 5 ans) : phase de sécurisation. Chaque année, la part actions (ETF) décroit au profit de la part sécurité : 50 % fonds euros et 50 % SCPI. Pour atteindre finalement 30 % actions / 70 % sécurité au début de la retraite.
Illustrons la partie « sécurisation progressive » :
Résultats de la simulation
Les performances passées réelles (2000-2024) de l’indice MSCI World (en euros) ont été prises en compte. Ainsi que la performance moyenne des fonds euros, sur chacune des années de cette même période. Et pour les SCPI, une performance constante de 5 % annuelle est considérée.
Ci-dessous, voici le résultat au cours des 25 années. L’encours de chaque année est constitué de la somme de ces 2 performances :
- partie actions (en bleu) ;
- partie sécurité, 50 % fonds euros et 50 % SCPI (en orange).
Analyse de la simulation : phase 1 (accroissement)
Durant la phase d’accroissement (2000-2019), seul l’ETF World (actions) est en portefeuille, donc pas d’amortisseur de secousses dans cet intervalle. Il y a eu 2 périodes bien distinctes pour cet indice monde. Ses performances sur 2000-2011 ont été très mauvaises : -1,9 % annualisés. Il a donc fallu attendre la fin de la 13ème année pour que l’encours dépasse l’investissement initial (150 000 €) !
C’est un bon rappel à l’ordre, basé sur des performances actions réelles : la Bourse ne doit s’envisager que sur le long terme. Durant toute cette période de 13 ans, les nerfs des investisseurs sont vraiment mis à rude épreuve. Il faut réussir à tenir bon en respectant son plan, jusqu‘aux horizons de placements définis. A posteriori, la méthode DCA aurait été préférable dans cet intervalle, à un investissement « one shot », appelé lump sum investing.
Rajoutons également le non moins célèbre adage en finances : les performances passées ne présagent pas des performances futures. En l’occurrence, cette exécrable période (2000-2011) a laissé place à l’excellence (2012-2024), avec une performance annualisée de 13,15 % ! Ce taux fait doubler un capital en… moins de 6 ans.
Phase 2 (sécurisation)
Ensuite, durant la phase de sécurisation progressive (2020-2024), le poids de la partie sécurité (en orange) croît. Il est de 10 % en 2020, puis 25% en 2021. Ensuite 40, 55 et finalement 70 % fin 2024. Cette partie sécurité a bien joué son rôle de tampon : le MSCI World a affiché -12,78 % en 2022. Le portefeuille global, quant à lui, a limité la casse avec -6,3 % cette année-là.
Au 1er jour de la retraite, l’encours final atteint est de 490 000 €, soit quasiment la somme initiale à investir (mais brut de fiscalité). Ce qui, sauf imprévu majeur, laisserait tout de même une certaine marge de manœuvre pour profiter de sa retraite. Une éventuelle pension versée par l’État français viendrait donc s’ajouter au capital constitué.
En bref, nous avons vu qu’investir 500 000 euros ne relève pas d’un plan universel. Il faut commencer par analyser sa propre situation, et réfléchir à ses projets de vie. Il convient également de ne pas prendre de décisions hâtives, et de combiner, si besoin, gestion libre et l’aide d’un professionnel. L’exercice requérant temps et détermination, il peut être intimidant. Si cette situation est la vôtre, l’équipe de S’investir Conseil se tient à votre disposition pour vous aider à construite un plan sur mesures. Un équilibre entre performances et charge mentale, personnalisé, vous sera proposé.
- Exploitez le plein potentiel de votre capital
- Protégez votre patrimoine et votre avenir
- Préparez et optimisez votre succession
- Bourse, SCPI, Private Equity, dette privée...
- Nos expertises patrimoniales