Gérer les finances d’une entreprise, c’est un peu comme piloter un navire en pleine mer. Sans un bon gouvernail (la gestion financière), le risque de dériver ou de chavirer est élevé. Que vous soyez à la tête d’une petite start-up ou d’une entreprise bien établie, la gestion financière est l’un des éléments clés qui détermineront votre succès ou votre échec. L’idée de cet article est de vous guider à travers 9 conseils financiers concrets, pour mieux comprendre comment gérer votre société de manière efficace et pérenne.
1. Conseils financiers de base : établir un budget prévisionnel
Pourquoi est-ce important ?
Un budget prévisionnel annuel solide est bien plus qu’un simple document comptable, c’est un plan d’attaque qui vous guidera tout au long de l’année. Ce document financier permet d’anticiper les entrées et sorties de trésorerie, facilitant ainsi une gestion optimisée de sa trésorerie d’entreprise.
Prenons l’exemple d’un entrepreneur qui gère une entreprise de fabrication de meubles. En établissant un budget prévisionnel, il pourra prévoir les coûts liés à l’achat des matières premières, les dépenses de production, les frais de commercialisation, et les salaires des employés. Sans ce budget, il risque de se retrouver en difficulté face à des dépenses imprévues, comme une hausse soudaine du prix du bois ou un retard dans les paiements de ses clients.
D’ailleurs, l’État lui-même fonctionne comme cela en publiant un projet de loi de finance chaque mois d’octobre afin de définir les recettes et les dépenses du pays pour l’année à venir.
Comment le mettre en place ?
Pour établir ce budget, commencez par répertorier toutes les sources de revenus attendues, en vous basant sur les contrats signés ou les commandes prévisionnelles. Ensuite, listez l’ensemble des dépenses fixes et variables que vous prévoyez d’engager. Un point souvent négligé est l’importance d’inclure une marge pour les imprévus, car rares sont les années qui se déroulent exactement comme prévu. Par exemple, si vous gérez un restaurant, prévoir un budget pour le remplacement des équipements de cuisine ou des réparations imprévues vous évitera des problèmes de trésorerie.
2. Suivre de près la trésorerie de l’entreprise
La trésorerie, un indicateur clé de santé financière
La trésorerie est la colonne vertébrale de votre entreprise. Imaginez une entreprise de services informatiques qui facture ses clients à 60 jours. En attendant les paiements, elle doit continuer à payer ses charges, les salaires, et ses fournisseurs. Si cette entreprise ne suit pas attentivement sa trésorerie, elle risque rapidement de se retrouver à découvert, et un retard de paiement client peut la mettre en difficulté.
Les outils de gestion de trésorerie
Pour éviter ce genre de situation, mettez en place un suivi quotidien de vos flux de trésorerie. Utilisez des outils de gestion financière qui vous permettent de suivre les encaissements et les décaissements en temps réel. Par exemple, certains logiciels permettent non seulement de suivre vos comptes, mais également de programmer des alertes en cas de dépassement de seuils critiques.
De plus, pensez à instaurer des procédures de relance pour les factures en retard. Plus vous agirez tôt, plus vous aurez de chances de récupérer votre argent rapidement, et d’éviter que les impayés ne s’accumulent.
3. Optimiser les charges de l’entreprise
Analyse des coûts fixes et variables
Optimiser les charges ne signifie pas simplement réduire les coûts, mais bien de dépenser intelligemment. Prenons l’exemple d’une entreprise qui utilise plusieurs véhicules pour ses livraisons. Plutôt que d’acheter ces véhicules, elle pourrait envisager une location longue durée qui inclut l’entretien et l’assurance. Cela permet non seulement de lisser les coûts sur l’année, mais aussi d’éviter les dépenses imprévues liées à des pannes ou des accidents.
Renégocier les contrats avec les fournisseurs
De la même manière, pensez à mutualiser certains achats. Si votre entreprise utilise régulièrement des fournitures de bureau, passez un accord avec d’autres sociétés de votre secteur pour acheter en gros et obtenir des tarifs préférentiels. Un autre exemple concret serait d’optimiser l’utilisation des locaux de l’entreprise. Si vous n’utilisez qu’une partie de vos locaux, pourquoi ne pas louer l’espace inutilisé à une autre entreprise ? Cela génère des revenus supplémentaires et contribue à réduire vos coûts fixes.
4. Sécuriser les investissements et la gestion des actifs
Diversification des investissements
Les investissements peuvent être un levier puissant de croissance, mais ils comportent aussi des risques. Prenons l’exemple d’une PME qui décide d’investir dans une machine industrielle coûteuse pour augmenter sa production. Si la demande diminue brusquement ou si la machine tombe en panne, l’entreprise risque de se retrouver en difficulté. C’est là qu’intervient la notion de diversification des investissements. Au lieu d’investir l’ensemble de vos ressources dans une seule machine, pourquoi ne pas répartir ces ressources entre l’achat de la machine, l’amélioration de vos locaux et un fonds de réserve ?
Gestion des actifs de l’entreprise
De plus, assurez-vous d’assurer correctement vos actifs. L’assurance de vos équipements, de vos locaux, ou de vos stocks n’est pas une dépense superflue, mais bien un filet de sécurité. Si un sinistre survient (incendie, vol, dégât des eaux), l’indemnisation de votre assurance permettra de limiter les pertes et d’assurer la continuité de votre activité.
5. Contrôler la rentabilité de l’entreprise
Calcul des indicateurs financiers essentiels
Un indicateur clé souvent négligé par les entrepreneurs est le seuil de rentabilité. Le seuil de rentabilité représente le niveau de chiffre d’affaires à partir duquel votre entreprise commence à réaliser des bénéfices. Par exemple, si vous dirigez une entreprise de vente de vêtements en ligne, connaître le seuil de rentabilité vous permettra de savoir combien de produits vous devez vendre chaque mois pour couvrir l’ensemble de vos charges.
Utilisation d’outils de pilotage financier
De plus, en analysant régulièrement la marge nette de chaque produit ou service que vous proposez, vous pourrez identifier les activités les plus rentables et celles qui mériteraient d’être optimisées. Peut-être qu’un produit à forte valeur ajoutée représente 80 % de vos bénéfices alors qu’il ne constitue que 20 % de vos ventes. En focalisant vos efforts sur ce type de produit, vous optimisez votre rentabilité globale.
6. Mettre en place une stratégie d’épargne d’entreprise
Les avantages de l’épargne d’entreprise
L’épargne d’entreprise est souvent perçue comme un « plus », mais elle doit faire partie intégrante de votre stratégie financière. Supposons que vous dirigiez une entreprise de construction. L’achat d’un terrain ou d’un équipement coûteux peut être un investissement intéressant, mais cela nécessite des fonds disponibles. Une épargne d’entreprise bien constituée vous permettra de saisir ces opportunités lorsque le moment se présentera, sans avoir à recourir à un emprunt coûteux.
Les différents produits d’épargne disponibles
Vous pouvez également utiliser l’épargne pour investir dans des produits financiers à faible risque, tels que des obligations d’État via des ETF obligataires ou des fonds euros dans des contrats de capitalisation pour personne morale. Cela génère des revenus supplémentaires tout en maintenant votre trésorerie disponible. De plus, cela crée un coussin financier qui vous permettra de faire face à des périodes de crise ou de creux d’activité.
7. Optimiser la fiscalité de l’entreprise
L’importance de la planification fiscale
L’optimisation fiscale n’est pas une question de « trouver des astuces » pour payer moins d’impôts, mais plutôt de connaître les dispositifs légaux qui vous permettent de réduire votre charge fiscale. Voici pourquoi cette planification est importante :
1. Réduction des charges fiscales
En planifiant judicieusement ses opérations financières et en exploitant les avantages fiscaux disponibles (comme les crédits d’impôt, les déductions fiscales ou les exonérations), une entreprise peut considérablement réduire son impôt à payer. Cela libère des ressources qui peuvent être réinvesties dans le développement de l’activité, améliorant ainsi la compétitivité de l’entreprise.
2. Meilleure gestion de la trésorerie
L’optimisation fiscale permet de mieux gérer les flux de trésorerie. En anticipant les échéances fiscales et en structurant les paiements de manière à étaler les charges, l’entreprise peut éviter des tensions de trésorerie et garder une plus grande flexibilité financière pour faire face à des dépenses imprévues ou à des investissements stratégiques.
3. Respect des cadres légaux
Une planification fiscale rigoureuse aide à s’assurer que l’entreprise respecte pleinement la réglementation fiscale en vigueur, évitant ainsi les sanctions, pénalités et contrôles fiscaux imprévus. Il s’agit de profiter des dispositifs légaux existants de manière transparente, tout en évitant les risques de requalification ou d’amendes lourdes liés à des erreurs fiscales.
4. Valorisation de l’entreprise auprès des investisseurs
Pour les entreprises cherchant à attirer des investisseurs ou à obtenir des financements externes, une gestion fiscale optimisée et bien structurée est un atout non négligeable. Elle témoigne de la santé financière de l’entreprise et de la compétence de ses dirigeants à maximiser les profits tout en réduisant les coûts, ce qui renforce la confiance des partenaires financiers.
5. Adaptation aux changements fiscaux
Les régimes fiscaux évoluent régulièrement. Une planification proactive permet d’adapter les stratégies fiscales aux nouvelles réglementations en vigueur. En restant à jour sur les réformes fiscales et en ajustant ses pratiques, l’entreprise peut maintenir un niveau d’imposition optimal et éviter les mauvaises surprises liées à des changements inattendus dans les lois fiscales.
Les dispositifs d’optimisation fiscale à connaître
Pour optimiser la fiscalité de la trésorerie de votre entreprise en France, plusieurs dispositifs sont à connaître afin de réduire légalement les charges fiscales tout en renforçant votre gestion financière.
1. Crédit d’Impôt Recherche (CIR)
Le CIR permet de déduire jusqu’à 30 % des dépenses liées à la recherche et développement (R&D) de l’impôt sur les sociétés. Cela encourage les entreprises à investir dans l’innovation et à profiter d’avantages fiscaux significatifs. Ce dispositif est particulièrement intéressant pour les entreprises technologiques ou industrielles qui consacrent une partie de leur trésorerie à l’innovation.
2. Crédit d’Impôt pour la Formation des Dirigeants
Les dirigeants peuvent bénéficier d’un crédit d’impôt pour les dépenses liées à leur formation continue. Ce montant correspond au nombre d'heures passées en formation (40h/an et par entreprise soit 460,80 € pour 2023) fois le taux horaire du SMIC. Cela permet à l’entreprise de faire progresser ses compétences tout en bénéficiant d’un allègement fiscal.
3. Optimisation des Charges Déductibles
Les charges liées à l’activité quotidienne de l’entreprise, telles que les frais de personnel, de location, ou de déplacement, sont déductibles du résultat imposable. En maximisant ces charges, vous réduisez la base de votre impôt sur les sociétés, allégeant ainsi la pression fiscale sur votre trésorerie.
4. Le Dispositif Dutreil
Le dispositif Dutreil permet d’optimiser la transmission d’entreprises familiales en réduisant les droits de succession ou de donation. Il offre une exonération partielle (jusqu’à 75 %) sur la valeur de l’entreprise transmise, à condition de respecter certains engagements de conservation.
8. Anticiper les risques financiers
Identifier les risques
Anticiper les risques financiers, c’est avant tout adopter une démarche proactive. Par exemple, si vous travaillez avec un nombre limité de clients, le risque de dépendance est élevé. Imaginez que l’un d’entre eux fasse faillite ou cesse de travailler avec vous, cela pourrait entraîner des difficultés financières majeures. Pour limiter ce risque, diversifiez votre portefeuille de clients et assurez-vous de ne pas être trop dépendant d’un seul.
Mettre en place des solutions de protection
En matière de risques liés à la variation des taux de change, un importateur qui achète des produits en dollars doit anticiper les fluctuations de devises. En utilisant des instruments financiers de couverture comme les contrats à terme ou les options, il pourra se protéger contre les variations défavorables.
9. S’entourer d’experts en gestion financière
Personne ne peut maîtriser tous les aspects de la gestion financière d’une entreprise. C’est pourquoi il est indispensable de s’entourer d’experts. Un expert-comptable, par exemple, peut vous aider à établir un bilan prévisionnel, à anticiper les charges fiscales ou à optimiser la gestion de votre trésorerie. Un conseiller en gestion de patrimoine pourra vous guider dans le choix des investissements les plus adaptés à vos objectifs, qu’il s’agisse de placements financiers, immobiliers, ou d’investissements industriels.
S’entourer d’experts ne signifie pas perdre le contrôle, mais bien se donner les moyens de prendre de bonnes décisions et de maximiser les chances de réussite de votre entreprise.
En bref, la gestion financière d’une entreprise ne se résume pas à la tenue de comptes ou au suivi des factures. Elle englobe une multitude d’éléments qui, s’ils sont bien maîtrisés, vous permettront de faire de votre entreprise un acteur pérenne et rentable. N’oubliez jamais que la clé de la réussite réside dans l’anticipation, la rigueur, et l’accompagnement par des experts compétents. Si vous souhaitez aller plus loin et bénéficier d’un accompagnement personnalisé, S’investir Conseil, notre cabinet de conseil en gestion de patrimoine est à votre disposition pour vous aider à construire une stratégie financière sur mesure, adaptée à vos besoins et à vos objectifs.
Et si vous préférez prendre les choses en main par vous-même, alors je vous invite à suivre ma formation LBD Pro à destination des chefs d’entreprises.