Pour investir en Bourse, vous avez la possibilité de choisir directement des actions / obligations pour créer votre portefeuille. On parle alors communément de stock picking. Une méthode qui consiste à faire des choix minutieux, préparés, plutôt que d'investir dans un indice de marché ou un fonds diversifié. Quelle est la meilleure méthode pour se lancer ? Stock Picking vs ETF, voici le match.
Qu'est-ce que le stock picking ?
Le stock picking, que l’on appelle également la « sélection de titres », est une stratégie d'investissement qui consiste à choisir méticuleusement des actions individuelles pour se constituer un portefeuille, plutôt que d'investir dans un fonds indiciel ou un ETF (négociable en Bourse) qui suit un indice boursier par exemple.
Le principe du stock picking repose sur l'analyse approfondie des entreprises, de leurs fondamentaux financiers, de leur positionnement sur le marché, et de leur potentiel de croissance. Les investisseurs qui pratiquent le stock picking cherchent donc en général à identifier des actions sous-évaluées ou ayant un fort potentiel de croissance, dans le but de surperformer le marché global.
Cette approche nécessite une connaissance approfondie des marchés financiers, une capacité d'analyse pointue, et un suivi régulier des entreprises sélectionnées et de leur environnement économique. Le risque ? En se livrant à ce jeu de la sélection de titres, sans connaissances suffisantes, ou en ayant une approche qui manque de rationnel, il existe un vrai danger de sous-performer, et d’aboutir à un portefeuille complexe, peu pertinent.
Pourquoi essayer de sélectionner les bonnes actions n’est pas une bonne stratégie ?
Vous pensez que vous avez les connaissances suffisantes, le temps et une vision qui sont compatibles avec le stock picking ? Je pense personnellement qu’il ne s’agit pas, pour une grande majorité d’investisseurs, d’une bonne idée.
Attention aux difficultés à battre le marché sur le long terme
Les rapports SPIVA, publiés régulièrement par S&P Dow Jones Indices, montrent de manière constante que la majorité des gestionnaires ne parviennent pas à surperformer leurs indices de référence sur le long terme. Pourquoi vous parviendriez de votre côté à le faire ?
- Sur une période de 15 ans, environ 90 % des fonds actions américaines à grande capitalisation sous-performent leur indice de référence.
- Vous pensez que cela est plus facile en France ? Ces chiffres sont similaires, voire plus prononcés, sur d'autres marchés et classes d'actifs.
Cette difficulté à battre le marché s'applique également aux investisseurs individuels pratiquant le stock picking, qui font face aux mêmes défis que les professionnels, voire plus.
Vous n’avez probablement pas le temps et/ou l’expertise nécessaires
Ne négligez pas l’investissement personnel considérable exigé. Chaque action nécessite une étude détaillée des états financiers, de la stratégie de l'entreprise, de son secteur d'activité et de son environnement concurrentiel, pour pouvoir vraiment aboutir à une prise de position, et savoir si vous devez l’acheter, la vendre, la conserver, renforcer votre position ou non. Il faut être en veille constante : les marchés évoluent rapidement, nécessitant un suivi régulier de chaque position et de l'actualité économique.
Les méthodes d'analyse financière et les dynamiques de marché évoluent elles aussi, ce qui exige de votre part une mise à jour constante de vos connaissances. Je le répète, mais le temps requis est très (trop) important, du moins pour un débutant.
Outre le temps, l‘expertise multidisciplinaire requise est aussi à un niveau très élevé :
- Vous devez avoir une vraie compréhension des principes comptables et financiers.
- Il faut que vous ayez une connaissance des différents secteurs économiques.
- Enfin, vous devez maîtriser l'analyse fondamentale et technique.
Pour la plupart des investisseurs particuliers, je suis convaincu que le fait de consacrer autant de temps et de développer une telle expertise n'est pas réaliste. Incompatible avec d’autres obligations professionnelles et une vie personnelle complète.
Vous risquez une concentration de votre portefeuille
La diversification est un principe clé en investissement. Elle pose un vrai défi pour ceux qui pratiquent le stock picking. En effet, il est pratiquement impossible pour un investisseur individuel de gérer efficacement un portefeuille complexe. Imaginez un portefeuille avec 500 actions différentes, ce qui serait pourtant nécessaire pour atteindre le niveau de diversification d'un indice comme le S&P 500. Je vous vois venir, vous voulez répliquer le CAC 40 car il est plus simple ? Oui, avec 40 lignes. Mais déjà, en matière de gestion, cela va tourner au défi au moment d’équilibrer vos positions et de suivre chaque valeur.
Cette limite conduit inévitablement à un portefeuille concentré finalement sur un nombre restreint d'actions, ce qui augmente les risques. Concentration… et interférence avec vos émotions. Les investisseurs qui choisissent de se lancer avec le stock picking sans être à 100 % préparés ont tendance à choisir des entreprises dans des secteurs qu'ils connaissent mieux ou des pays qui leur sont familiers. Cela crée des déséquilibres dans le portefeuille, avec certains secteurs ou régions surreprésentés.
Les conséquences de cette concentration sont importantes :
- Sa valeur peut fluctuer de manière plus importante et imprévisible qu'un portefeuille bien diversifié.
- Dans un portefeuille concentré, les problèmes d'une seule entreprise peuvent avoir un impact majeur sur l'ensemble de la performance.
Cette difficulté à bien diversifier son portefeuille en faisant du stock picking met en lumière un des grands avantages des investissements indiciels. Ces derniers offrent automatiquement une exposition à un large éventail d'entreprises et de secteurs, réduisant ainsi les risques liés à la concentration.
Il est souvent plus judicieux d'opter pour des fonds indiciels ou des ETF. Cette approche permet de bénéficier d'une bonne diversification sans avoir à gérer individuellement un grand nombre d'actions. Elle offre un meilleur équilibre entre le potentiel de rendement et la gestion des risques, tout en demandant moins de temps et d'expertise que le stock picking.
L'exception des small caps dans le stock picking
Les « small caps », ou petites capitalisations, sont des entreprises dont la valeur boursière est relativement faible. Ces sociétés sont souvent moins connues et moins suivies que les grandes entreprises cotées en Bourse. Le stock picking peut s'avérer pertinent pour les small caps pour plusieurs raisons.
Tout d’abord car contrairement au marché des grandes capitalisations, le marché des small caps n'est généralement pas considéré comme efficient. En effet, ces entreprises bénéficient d'une couverture analytique limitée et d'une moindre liquidité, ce qui peut entraîner des écarts entre leur valeur réelle et leur prix de marché. Le relatif manque d'information (du moins son asymétrie) et la volatilité accrue – caractéristiques de ce segment – amènent à cette inefficience qui, par conséquent, crée des opportunités pour les investisseurs avertis. Ces entreprises présentent souvent un potentiel de croissance supérieur à celui des grandes entreprises établies. D'où l'intérêt, je le concède, de passer par le stock picking.
Mais ce n’est tout de même pas ce que je recommande. Les risques sont trop grands pour des novices et même des investisseurs déjà bien documentés.
C’est une stratégie smart beta que je recommande pour ces small caps. Cette méthode combine les avantages de l'investissement passif et actif, offrant une solution plus équilibrée pour investir. Cette approche se concentre sur des facteurs spécifiques tels que la valeur, la qualité ou la croissance, qui ont historiquement conduit à de meilleures performances.
Elle permet d'investir dans un panier diversifié de small caps (au lieu de ne sélectionner que quelques actions individuelles avec le stock picking), réduisant ainsi le risque spécifique à chaque entreprise. En clair, avec un ciblage clé mais pas spécifique, on réduit l'impact qu'aurait la mauvaise performance d'une seule entreprise sur l'ensemble du portefeuille.
Les ETF : une alternative que je vous préconise !
Vous l’avez compris, dans ce match qui oppose stock picking vs ETF, j’ai fait un choix ! Pour moi, les fonds indiciels cotés (les ETF donc) offrent aux investisseurs une approche bien plus efficace que le traditionnel stock picking.
Contrairement au stock picking qui demande un temps considérable et une expertise pointue, les ETF simplifient drastiquement l'investissement. Ils vous permettent d'accéder à des centaines, voire des milliers de titres en une seule transaction. Fini le casse-tête de la sélection individuelle d'actions !
L'un des principaux avantages des ETF réside – aussi – dans leurs frais réduits. Alors que les fonds actifs ponctionnent souvent 1 à 2 % de frais annuels, les ETF « core » affichent des ratios de frais inférieurs à 0,20 %. Sur le long terme, cette différence de coûts peut avoir un impact considérable sur la performance de votre portefeuille. Vous pouvez vous en rendre compte vous-même avec la calculatrice des intérêts composés en ligne, qui vous permet de voir le poids des frais sur votre investissement dans le temps.
La liquidité est un autre point fort des ETF. Négociés en continu sur les marchés boursiers, ils offrent une flexibilité que peu d'autres produits financiers peuvent égaler. Vous pouvez acheter ou vendre à tout moment pendant les heures de marché, sans vous soucier des contraintes de liquidité propres aux actions individuelles.
Se construire un portefeuille robuste avec les ETF
Les ETF vous ouvrent des stratégies d'investissement réservées hier encore aux professionnels. Vous pouvez facilement diversifier votre portefeuille à l'échelle mondiale, en incluant différentes classes d'actifs, secteurs et régions géographiques. Vous avez la main pour vous créer un portefeuille qui correspond totalement à ce que vous voulez détenir.
Par exemple, vous pouvez combiner un ETF sur le S&P 500 pour l'exposition aux grandes capitalisations américaines, un ETF sur les marchés émergents pour capturer la croissance de ces économies, et un ETF obligataire pour stabiliser votre portefeuille. Si vous avez besoin d’aide pour identifier les meilleurs ETF à intégrer à un PEA, j’ai rédigé un article complet à ce sujet.
Mieux gérer les risques
Les ETF excellent également dans la gestion du risque. Des produits spécialisés comme les ETF à faible volatilité ou les ETF inverses permettent de se protéger contre les chutes de marché sans avoir à gérer un portefeuille complexe d'options ou de contrats à terme. On en revient toujours à cette notion de complexité. Gérer un portefeuille de plusieurs dizaines de lignes et acheter/vendre en cas de variations de marché, cela fera partie de votre quotidien en ayant une approche de stock picking. Avez-vous vraiment le temps pour cela ? Je ne le crois pas.
Pour choisir des ETF qui limitent les risques, il faut regarder plusieurs critères : la méthode de réplication (physique ou synthétique), la politique de prêt de titres, ou encore le traitement des dividendes. Ce sont autant d'éléments à prendre en compte avant de vous positionner.
Comment intégrer les ETF dans votre portefeuille ?
Vous voyez la puissance des ETF et vous voulez savoir comment vous lancer ? Voici quelques pistes, que j’aborde plus en détails dans ma formation (voir lien en bas de page).
Apprenez à vous connaître
Avant de vous lancer, prenez le temps de vous poser les bonnes questions. Quels sont vos objectifs financiers ? Cherchez-vous à constituer un capital pour la retraite, à financer les études de vos enfants, ou à vous offrir une résidence secondaire ? Votre horizon d'investissement est-il de 5, 10 ou 30 ans ? Et surtout, quel niveau de risque êtes-vous prêt à assumer ? Ces réponses guideront vos choix d'ETF.
Une fois votre profil défini, place à la sélection des ETF. Ne vous précipitez pas sur le premier venu. Examinez attentivement les frais de gestion, la méthode de réplication, et la liquidité de chaque ETF. Entre deux produits similaires, une différence de 0,1 % de frais peut se traduire par des milliers d'euros de rendements perdus sur le long terme.
L'art de la répartition (et de la régularité) pour des rendements puissants
Répartissez vos investissements entre différents types d'ETF selon votre stratégie d'allocation d'actifs. C'est ici que votre profil de risque entre en jeu. Un investisseur agressif peut opter pour une allocation plus importante en ETF actions, par exemple 80 % en ETF actions (comme un ETF monde ou des ETF sectoriels) et 20 % en ETF obligataires. À l'inverse, un profil plus prudent privilégiera une part plus élevée d'ETF obligataires ou d'ETF à faible volatilité.
Et, plutôt que d'investir une grosse somme d'un coup, privilégiez des investissements réguliers. Cette approche, le « dollar-cost averaging », vous permet de lisser les fluctuations du marché. Fixez-vous un montant mensuel à investir et tenez-vous y, que les marchés montent ou baissent.
Gardez un œil sur votre portefeuille
L'achat régulier de vos ETF n'est que le début de votre parcours d'investisseur. La gestion active de votre portefeuille, et en particulier le rééquilibrage, est importante dans le maintien de votre stratégie d'investissement sur le long terme.
Le rééquilibrage consiste à ajuster périodiquement les proportions de vos différents ETF pour revenir à votre allocation cible. Cette pratique est essentielle pour plusieurs raisons.
- Maîtrise du risque : au fil du temps, certains de vos ETF vont surperformer d'autres, modifiant ainsi votre exposition au risque. Par exemple, si votre ETF actions mondiales performe mieux que votre ETF obligataire, votre portefeuille deviendra progressivement plus risqué que prévu initialement.
- Discipline d'investissement : le rééquilibrage vous force à « vendre haut et acheter bas », une discipline difficile à maintenir émotionnellement mais cruciale pour le succès à long terme.
- Alignement avec vos objectifs : vos objectifs et votre tolérance au risque peuvent évoluer avec le temps. Le rééquilibrage est l'occasion de réaligner votre portefeuille avec votre situation actuelle.
Enfin, n'oubliez pas que le monde de l'investissement évolue constamment. De nouveaux types d'ETF apparaissent régulièrement, offrant de nouvelles opportunités. Je me fais d’ailleurs régulièrement ici ou sur ma chaîne Youtube l’écho des meilleurs ETF, ceux que je juge intéressants à suivre. Tenez-vous informé des tendances du marché et des innovations dans le domaine des ETF. Cette veille vous permettra d'affiner votre stratégie au fil du temps et de saisir de nouvelles opportunités.
En conclusion, je suis convaincu que les ETF offrent des avantages considérables pour la majorité des investisseurs. Récapitulons les principaux atouts des ETF :
- diversification instantanée, réduisant le risque spécifique à chaque entreprise ;
- frais de gestion nettement inférieurs, préservant les rendements sur le long terme ;
- simplicité d'utilisation, éliminant le besoin d'une expertise approfondie en analyse financière ;
- liquidité supérieure, permettant des transactions aisées ;
- transparence accrue sur la composition du portefeuille ;
- flexibilité pour mettre en œuvre diverses stratégies d'investissement.
Ces avantages ne signifient pas pour autant que le stock picking n'a plus sa place et doit totalement être mis de côté. Certains investisseurs passionnés et expérimentés peuvent toujours trouver satisfaction et potentiellement surperformer le marché via une sélection minutieuse d'actions individuelles. Cependant, soyons réalistes, pour la grande majorité des investisseurs, les ETF représentent une base solide et efficace pour construire un portefeuille boursier.
L'essentiel est de développer une stratégie d'investissement réfléchie et adaptée à vos objectifs personnels, votre horizon temporel et votre tolérance au risque. Les ETF offrent une flexibilité remarquable ! Que vous soyez un investisseur débutant ou expérimenté, je vous encourage vivement à considérer les ETF comme la pierre angulaire de votre portefeuille d'investissement. Si vous souhaitez aller plus loin, profitez de ma formation offerte en Bourse.