La récession et la stagflation sont 2 mots qui reviennent très souvent en ce moment. Ralentissement de la croissance, accélération de l’inflation, explosions des prix du pétrole et des matières premières sont autant d’éléments en faveur d’une crise économique. Avec tout ce que l’on entend, il est essentiel de faire une certaine mise au point sur ce que cela signifie pour les marchés financiers et votre portefeuille en Bourse.
Vous vous inquiétez du contexte actuel ? Vous vous demandez si le moment est propice aux investissements en Bourse ? Alors, voici quelques explications qui vous aideront à mieux appréhender la récession.
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Connaître le contexte qui induit la récession
Ces 50 dernières années, dès que les prix du pétrole, corrigés de l’inflation, ont augmenté de 50 %, une récession a suivi. C’était une des principales causes de crise lors des chocs pétroliers dans les années 70. Nous avons connu des situations similaires provoquées par d’autres raisons telles que la bulle Internet en 2000 ou la crise financière mondiale de 2008.
Il est vrai que la flambée des prix de l’énergie laisse entrevoir une forte probabilité de récession. En effet, l’énergie est à la base de l’activité économique. Si faire son plein à la pompe coûte cher, les gens vont moins dépenser et moins contribuer à l’activité économique. C’est d’ailleurs ce qu’affirme Goldman Sachs qui voit une probabilité de récession aux États-Unis de 35 %.
Outre la flambée du prix du pétrole et le conflit en Ukraine, d’autres signes inquiétants s’accumulent. Il s’agit notamment de l’inflation qui bat des records sur 40 ans. La remontée des taux d’intérêt et la réduction du bilan des banques centrales et des problèmes sur les chaînes d’approvisionnement ne sont pas des éléments encourageants non plus.
Par conséquent, le discours sur la récession et la stagflation est dans l’air depuis un certain temps et plane sur l’économie et les marchés financiers. Les risques s’accumulent et les investisseurs doivent se préparer.
Comprendre ce qu’est vraiment la récession
Avant toute chose, il faut saisir qu’une récession fait référence à une diminution importante de l’activité économique sur plusieurs mois. En général, la période concernée dure au moins 2 trimestres consécutifs.
Elle se constate notamment avec une baisse du PIB réel, celle de la production et des ventes accompagnées d’une augmentation du chômage. Cela peut avoir des conséquences assez dramatiques.
PIB négatif aux US
Voici la liste des dernières dépressions aux États-Unis. Les économistes affirment l’existence de 33 récessions aux États-Unis depuis 1854. Autrement dit, il y en a eu une tous les 5 ans en moyenne. Ce n’est donc pas un phénomène rare.
Liste des dernières récessions
Des exemples bien connus incluent la récession mondiale à la suite de la crise financière de 2008, de la crise sanitaire en 2020, et de la Grande Dépression des années 1930. D’ailleurs, une dépression n’est rien d’autre qu’une récession sévère qui dure plusieurs années.
Observer les signes annonciateurs d’une crise économique
Entre l’inflation, la guerre en Ukraine, l’explosion des prix des matières premières et de l’énergie, il est difficile de ne pas craindre la récession économique.
L'inflation aux Etats-Unis bat des records sur 40 ans
La probabilité d’une récession s’accroît aussi avec une hausse de l’inflation et des banques centrales. Celles-ci doivent augmenter leurs taux, ce qui rend l’emprunt plus cher et ralentit donc l’activité économique financée par la dette.
Historiquement, des pics d’inflation à plus de 5 % étaient habituellement suivis d’une crise. C’est d’ailleurs une manière d’atténuer l’inflation, puisqu’une récession fait en général chuter l’augmentation des prix.
Un contexte avec les prix des matières premières et du pétrole très élevés, certains segments des marchés financiers en excès, une économie en surchauffe et une inflation hors de contrôle aboutit généralement en récession.
Cependant, il est impossible de prédire la récession avec un bon timing. En effet, parfois les récessions ont lieu après que l’inflation a baissé, et d’autre fois cela se produit simultanément. Parfois, les récessions ont des causes différentes, comme une pandémie ou une crise financière. Et parfois, des pics d’inflation et des pics pour les prix des matières premières n’engendrent pas de récession.
Mesurer les conséquences d’une crise pour notre portefeuille en Bourse ?
Historiquement, les récessions durent généralement 10 mois avec une baisse moyenne de -2,7 % du PIB. Il est arrivé une fois qu’elle s’étende sur 3 ans lors de la grande dépression des années 30 qui a entraîné une chute de 26,7 % du PIB américain.
Devant les récessions, la Bourse a historiquement réagi de manière très différente en fonction du contexte.
Sur les 15 derniers épisodes listés par A Wealth Of Common Sense, les chutes du marché du point le plus haut au plus bas varient de -10,1 % à -86,0 %. Donc effectivement, la Bourse réagit plutôt mal aux récessions avec une chute moyenne de -34,86 %.
Par conséquent, faites attention à votre portefeuille et à votre comportement en Bourse. En effet, vous devez disposer de nerfs en acier en voyant – 50 % ou – 60 % sur votre portefeuille. Si ce n’est pas votre cas, réduisez votre niveau de risque et procédez à un rééquilibrage.
À présent, ne regardons plus la baisse du point le plus haut au plus bas, mais attardons-nous sur le comportement des marchés pendant toute la durée de la récession. Nous constatons que la Bourse vit parfois les récessions de manière positive avec des performances allant jusqu’à +28 % pour le S&P 500 pendant une récession. Ça peut paraître contre-intuitif.
La récession avec le rendement le plus élevé +28,4 % a duré de février à octobre 1945 et a entraîné une baisse du PIB de -12,7 %, tout de même. Finalement, les récessions n’ont fait perdre de la valeur au marché que la moitié du temps et en moyenne, la performance du S&P 500 était de +1,7 %. Donc en prenant du recul, un investisseur peut très bien sortir gagnant d’une telle situation de crise.
Autre point favorable à l’investissement long terme : seulement un an après la fin de la récession, le S&P 500 était dans 85 % des cas déjà revenu dans le vert. 3 ans après, vous auriez gagné de l’argent dans 100 % des cas, et encore plus 5 ans après, avec une performance moyenne de +120 %.
En effet, après une période de fort pessimisme, l’optimisme revient souvent de plus belle, même si l’économie met du temps à repartir.
Finalement, une récession ne nous dit pas grand-chose sur la performance des actions, et elle ne rime pas forcément avec une Bourse qui perd de la valeur. Les performances des marchés financiers sont plus dictées par le sentiment des investisseurs pour l’avenir que par la réalité économique du moment.
Et il y a quelque chose de très important à ne pas omettre : si l’information est publique, si tout le monde sait qu’il y a une mauvaise nouvelle, toute la valeur prédictive de cette information est généralement déjà intégrée aux prix.
Ainsi, il est très peu probable que vous puissiez utiliser n’importe quelle information pour générer une surperformance, car les cours de bourse l’ont déjà pris en compte. Donc attention à ne pas vous croire plus malin que les autres.
Même si une récession peut prochainement arriver, il existe un autre danger qui est jugé presque plus préoccupant : la stagflation.
Connaître les risques liés à la stagflation
Le terme stagflation est un mot-valise issu des mots stagnation et inflation. Elle correspond à un aspect d’une économie en souffrance. Elle comporte une inflation, une croissance économique et un chômage qui empruntent la mauvaise direction. Ainsi, l’inflation augmente, la croissance économique ralentit et le chômage explose.
Les occurrences du mot « stagflation » ont explosé ces derniers temps :
Il existe 2 problèmes majeurs avec la stagflation :
- le chômage et les prix augmentent en même temps, ce qui pénalise doublement les ménages : moins d’emploi et une facture qui grossit à la fin du mois ;
- les banques centrales et les gouvernements ne savent pas tellement gérer cette situation. Ils recourent généralement au levier de l’augmentation des taux d’intérêt pour diminuer l’inflation. Mais cette stratégie ralentit l’activité économique. On se retrouve donc coincé avec de l’inflation, une activité économique ralentie et du chômage.
Se protéger et limiter les chutes sur notre portefeuille boursier
En réalité vous n’avez aucune chance de prédire les prochaines chutes de marché ou les futurs krachs boursiers. Comme disait Peter Lynch :
Un des meilleurs moyens de limiter les chutes reste de maintenir un portefeuille multi-actifs, bien diversifié, et aligné avec votre tolérance au risque. Il existe bien sûr d’autres stratégies plus expertes que j’aborde dans le programme La Bourse Démocratisée.
Étant donné qu’aucun indicateur fiable ne peut prédire une chute des cours liée à une récession, il est contre-productif d’essayer d’anticiper le marché.
En revanche, nous savons que l’investissement long terme porte ses fruits. D’ailleurs, si vous voulez vous construire un portefeuille long terme d’investissement en Bourse, vous pouvez télécharger mon ebook gratuit.
Alors, même si le conflit en Ukraine a engendré une onde de choc sur les marchés financiers, même si l’inflation est très élevée, même si les prix de l’énergie explosent, même si les banques centrales montent leurs taux d’intérêt, même si la Covid continue de perturber la chaîne d’approvisionnement, les marchés boursiers se sont toujours redressés.
Taux d'intérêt FED
Pensez à la 1re Guerre mondiale, à la 2de Guerre mondiale, à la guerre de Corée, à celle du Vietnam, et à toutes les récessions qui ont déjà existé et que les marchés financiers ont déjà traversées.
Les données historiques et les stratégies qui ont fait leurs preuves fonctionnent et continueront de marcher parce qu’il y a une chose qui reste inchangée : les êtres humains ont toujours les mêmes failles à penser, les mêmes réactions de peur, les mêmes biais cognitifs. En d’autres termes, ils appliquent toujours la même psychologie d’investisseur.
À vous maintenant d’exploiter cela. Tentez de vous placer au-dessus de la foule et de ne pas tomber dans les mêmes pièges. Ne commettez pas les mêmes erreurs d’investissement et apprenez ce qui a vraiment fonctionné en Bourse.
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