Chaque jour, les médias se font écho des sombres prévisions concernant le climat de la Terre. Paralysantes pour les uns, motivantes pour les autres, ces informations nous incitent à un surcroit de conscience de nos actes. Ne se limitant pas à nos gestes quotidiens, nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir donner du sens à notre épargne. C’est dans ce contexte que l'ISR (Investissement Socialement Responsable) attire un nombre croissant d’investisseurs.
ISR définition
Les investissements classiques considèrent exclusivement les critères financiers (bénéfices, parts de marché, marge, etc.). Ceux qualifiés de socialement responsables y ajoutent des critères extra-financiers, de type ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). L’impact écologique de l’entreprise, la façon dont elle traite les questions d’égalités entre employés, ou bien l’indépendance du conseil d’administration, font partie des critères ESG.
Ces dimensions supplémentaires n’étaient que très peu, voire pas prises en compte avant l’ère de l’investissement responsable. Elles émanent d’une demande croissante des investisseurs, de plus en plus regardants quant aux projets que leur argent est susceptible de porter.
De plus, ISR désigne un label, créé en 2016 par le Ministère de l'Economie et des Finances. Il est attribué aux fonds d’investissement qui ne retiennent que les entreprises responsables, au sens ESG vu plus haut. Les autres principaux labels sont Greenfin, Finansol et bas-carbone. Retrouvez plus d’explications sur la finance durable.
Comme nous allons le voir, il existe bien des façons d’investir en étant socialement responsable. Que vous privilégiiez la sélection de projets via du financement participatif, les forêts, ou des entreprises durables cotées en Bourse, le choix propose est vaste. Voici quelques voies de réflexion qui vous permettront d’investir de façon socialement responsable.
Les différentes formes d'investissement socialement responsable
Investissements durables en crowdfunding : Lendopolis et Enerfip
Appelé aussi financement participatif, le crowdfunding permet aux particuliers de financer des projets hors des marchés boursiers : immobilier, entreprises non cotées en Bourse, etc. Il existe de nombreuses plateformes proposant d’investir par ce biais. Certaines d’entre elles ont choisi de s’orienter vers l’ISR, c’est le cas de Lendopolis et Enerfip.
Avec Lendopolis, créez un compte en quelques clics, et prêtez de l’argent destiné à financer des centrales solaires (vastes surfaces de panneaux solaires). De nombreux projets sont détaillés sur la plateforme. Durée, taux d’emprunt (donc performance pour vous), description précise du projet, échéance, localité, etc.
Axée sur la transition énergétique, la plateforme similaire Enerfip, permet de financer des projets reposant sur le photovoltaïque, l’éolien, les bio énergies, etc. Retrouvez notre comparatif de plateformes crowdlending afin de mieux comprendre ce que proposent ces récents acteurs.
Investissement éthique dans les groupements forestiers
Les investisseurs peuvent se partager la propriété d’un parc immobilier via la pierre papier : les sociétés civiles de placement en immobilier (SCPI). Ce mode d’investissement en immobilier est bien connu, en déléguant toute la gestion des biens à des gérants professionnels. L’équivalent est possible avec des forêts : les groupements forestiers.
Alliant allégements fiscaux et volonté de valoriser un patrimoine naturel, l’aspect durable est évidemment au cœur de ce type placement. Ainsi, le groupement forestier foncier (GFF) et le groupement forestier d’investissement (GFI) permettent de prendre part à l’acquisition, la conservation, et l’exploitation des forêts. En détenant des parts dans un GFI, vous possédez une partie du patrimoine du groupement.
Vous recevez par conséquent une quote-part des revenus générés par ce dernier. La vente du bois coupé et les droits de chasse représentent la principale source de revenus. Mentionnons toutefois une différence importante entre les SCPI et les GGF/GFI : les premières peuvent être logées en assurance-vie, alors que les parts en groupements forestiers doivent être acquises en direct. Il incombera alors à l’investisseur de se renseigner sur la fiscalité des GGF/GFI, non triviale.
ETF ISR
Les ETF ISR sont des paniers d’actions (ou d’obligations) qui permettent de diversifier très facilement ses investissements durables. Attention toutefois à bien comprendre ce qu’il se passe lorsqu’on achète une action ou une part d’ETF. L’argent de l’acheteur va au vendeur. Qui est ce dernier ? Dans le cas d’une introduction en Bourse, ou bien d’un accroissement de capital, c’est bien l’entreprise en question qui vend l’action. Et qui récolte donc l’argent de l’acheteur.
Cependant, ces phases sont ponctuelles dans la vie d’une entreprise cotée en Bourse. Il s’agit du marché primaire. Le reste du temps, les actions s’échangent entre investisseurs, c’est le marché secondaire (le marché de l’occasion). Ici, l’entreprise ne voit pas la couleur de l’argent de l’acheteur. C’est le vendeur (investisseur professionnel dans la majorité des cas) qui le reçoit.
La quasi-totalité des transactions en Bourse s’opère sur le marché secondaire. En investissant dans un ETF ISR (ou tout autre ETF), l’investisseur ne finance pas directement les entreprises qu’il plébiscite. Collectivement, les investisseurs ISR peuvent néanmoins espérer inciter les entreprises non vertes à le devenir.
La différence entre ESG et ISR
Parfois confondus ou utilisés à tort dans les médias, ces 2 termes ne sont pas équivalents. Le label ISR s’appuie sur des critères standards de performances d’entreprises, mais également sur les aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
Ainsi, un fonds ISR très exigeant ne retiendra que les entreprises affichant les meilleures notes ESG. Le courtier Goodvest est l’exemple typique d’acteur engagé, qui place ces questions extra-financières au centre de son offre. Notamment, l’investissement dans l’extraction et l’exploitation des énergies fossiles est banni des portefeuilles qu’il propose.
La performance des fonds verts
Exemples de performances de fonds verts
Qui accepterait de délaisser la performance sous prétexte d’investissements vertueux ? Si vous axez, par exemple, votre allocation retraite sur des fonds verts, il ne faut pas oublier l’importance cruciale de ce projet. Votre future santé financière en dépendra fortement.
Les fonds verts étant bien trop nombreux pour autoriser une analyse exhaustive, donnons quelques exemples. En un premier temps, vous trouverez un exemple avec le MSCI World dans sa version ISR, au sein de l’article précité sur la finance durable.
Voici un second exemple, avec la version ISR de l’indice MSCI Emerging Markets (pays émergents).
Comme on peut le voir sur ce graphique, sur une période de 13 ans (mai 2011 – octobre 2024), la version ISR de l’indice a fait mieux que l’indice standard.
Performance annualisée sur cette période :
- 2,54 % pour l’indice standard ;
- 5,68 % pour l’indice ISR.
10 000 € seraient devenus environ 14 000 € avec le 1er, contre 21 000 € avec le 2nd.
Rappels sur les performances
Gardons en tête 2 points importants : les performances passées ne présagent pas des performances futures. De plus, l’indice SRI ne retient, par définition, que certaines des entreprises (230) qui composent l’indice de base (1300). La théorie en finances nous indique que la diversification est le seul « free lunch » (repas gratuit) en investissement. Elle minimise le risque de grosses pertes, tout en permettant de capter la performance d’un marché. Si vous souhaitez investir sur un fonds ISR, il vous est conseillé d’approfondir la méthodologie adoptée, afin de comprendre les conséquences de cette dernière.
Exemple de portefeuille ISR
Une idée de portefeuille ISR
Concrètement, un portefeuille ISR pourrait ressembler à ce qui suit. Prenons une valeur de 30 000 €.
- 10 000 € répartis sur 10 projets Enerfip/Lendopolis ;
- 5 000 € sur un groupement forestier d’investissement (GFI) ;
- 15 000 € en ETF SRI : 13 000 € sur un ETF MSCI World SRI, et 2 000 € sur un ETF MSCI Emerging Market SRI.
Le but étant de respecter ses convictions, tout en diversifiant ses placements responsables, les 30 000 € sont répartis sur divers supports. Attention à la liquidité de chacune des lignes du portefeuille. Les ETF sont les plus liquides (faciles à vendre/acheter), les 2 autres placements le seront bien moins.
Horizons de placements et ISR
L’investissement doit s’envisager sur le long terme (au moins 8 ans) afin d’absorber de potentielles baisses brutales, et défaillances de certaines entités. Ainsi que pour laisser le temps aux entreprises de mener à bien leurs objectifs.
En bref, il existe de plus en plus de façons de donner du sens à son épargne. Immobilier, entreprises cotées ou non cotées en Bourse, sélection personnelle de projets porteurs de sens pour vous… le choix ne manque pas. La thématique durable s’impose d’elle-même, et presse les peuples à agir. Il est raisonnable de tabler sur une offre qui se diversifiera encore davantage dans les années à venir. Investissement ISR ou non, on constate une fois de plus que le choix ne facilite pas forcément le passage à l’acte. Alors pour y voir plus clair, laissez-vous guider par la formation offerte S’investir.