Lorsqu’on débute en Bourse, il est naturel de s’intéresser aux performances passées des investissements possibles. En se rendant sur le site Quantalys, qui répertorie plus de 63 000 fonds d’investissement, on découvre des performances impressionnantes. Par exemple, en se concentrant sur les actions, l’ETF Amundi Nasdaq-100 x2 se distingue. Sur les 5 dernières années, cet ETF affiche une performance spectaculaire de +345 %, et sur 8 ans, il atteint un impressionnant + 1108 %.
Imaginez un instant : un investissement de 10 000 € serait devenu 120 000 € en 8 ans. Cependant, connaissez-vous l’ETF TQQQ ? Cet ETF, encore plus puissant, applique un levier x3 et offre des gains potentiels encore plus importants. Depuis son lancement en février 2010, sa performance annualisée atteint 42,69 %, transformant un investissement initial de 1 000 € en 200 000 € (les performances passées ne garantissent pas les performances futures).
La question est donc : cet ETF est-il un bon investissement pour l’avenir ?
Qu’est-ce que l’ETF TQQQ ?
Un ETF TQQQ, réplique le Nasdaq-100, qui regroupe les 100 plus grandes entreprises non financières cotées au Nasdaq. Cet indice, créé en 1985, attire de nombreux investisseurs vu la performance historique du Nasdaq-100. Sur les 10 dernières années, on est à 18,92 % de performance annualisée.
Si on remonte jusqu’à 1994, il a généré 13,66 % de performance annualisée.
Si on compare le Nasdaq-100 au S&P 500 depuis 1994, sans dividendes, on constate l'écart de performance avec le Nasdaq-100 qui a +4 800 de performance cumulée et le S&P qui a fait +1 070. </p
S&P 500 vs Nasdaq 100
C’est pour ces raisons que le Nasdaq-100 peut vous attirer. Cela dit, faites attention, car cet indice est composé à 58,94 % d’actions d’entreprises technologiques telles que NVIDIA, Microsoft, Apple, Amazon, Meta et Alphabet. Ces 6 entreprises représentent à elles seules plus de 40 % du poids du Nasdaq-100. C’est donc un indice plutôt thématique qui est mal diversifié.
Le Nasdaq est l'une des plus grandes places boursières au monde, réputée pour sa tendance à attirer les entreprises technologiques. En effet, les entreprises choisissent souvent de s'y mettre pour sa visibilité, l'accès aux capitaux et la réputation technologique de l'indice.
Certaines autres entreprises préfèrent s'enregistrer au NYSE, une Bourse un peu plus traditionnelle, qui est donc une concurrente du Nasdaq.
Pour en revenir à l'ETF ProShares TQQQ, comprenez qu’il ne se contente pas de répliquer le Nasdaq-100 ; il applique un levier x3, permettant des gains potentiels beaucoup plus élevés, avec 22 milliards de dollars d'actifs sous gestion et de frais de 0, 88 % par an.
Le nom de l’ETF TQQQ fait référence au plus gros ETF NASDAQ d’Invesco : le QQQ qui a plus de 284 milliards d’encours sous gestion et qui a été lancé en 1999. La lettre T pour Triple, indique que cet ETF est conçu pour offrir un levier x3 de manière quotidienne, sur la séance boursière.
Autrement dit, l’ETF va répliquer la performance journalière du Nasdaq-100 multipliée par 3, à la hausse comme à la baisse, évidemment.
L’ETF à effet de levier est-il un bon investissement ?
Si le Nasdaq-100 augmente de 2 % aujourd’hui, l’ETF TQQQ tendra vers une performance aujourd’hui de 6 % ( 2 % x 3 = 6 %). Je dis « tendra vers », car la réplication peut ne pas être 100 % parfaite, et l’ETF TQQQ a également des frais de gestion annuels de 0,88 % à prendre en compte.
La réciproque est vraie : une baisse du Nasdaq-100 de 2 % engendrera une baisse de 6 % en points de cet ETF. Cet ETF est à effet de levier quotidien et ne copie pas la performance du NASDAQ-100 sur l’année, vous ne ferez pas x3, mais x3 sur les performances quotidiennes. Vous ne ferez donc pas x3 sur les performances annuelles, mais x3 sur les performances quotidiennes.
Et cette différence peut vraiment tout changer avec le beta slippage. Prenons un exemple très concret. Supposons que nous ayons un ETF à effet de levier 3x (comme l’ETF TQQQ) :
Jour 1 :
- L'indice de référence baisse de 1 %.
- L'ETF à effet de levier 3x baisse donc de 3 %.
Jour 2 :
L'indice de référence augmente pile poil pour revenir à son niveau précédent, soit environ +1,01 %.
L'ETF à effet de levier 3x augmente donc environ de 3,03 % (triple de la variation de l'indice). On pourrait alors croire que lui aussi va être compensé et reviendrait à son niveau précédent à cause du beta slippage.
Le prix de l'ETF à effet levier x3 va progressivement dévier tandis que l'indice de référence restera autour de la valeur initiale. Par exemple, si l'on prend une valeur initiale de 100, l'ETF va progressivement s'écarter de cette valeur. C'est un phénomène lié au calcul des pourcentages.
Au bout de 200 séances, on constate que l'indice ou l'ETF qui suit l'indice de référence sans levier reviendrait à sa valeur initiale de 100. En revanche, l'ETF à effet levier x3 serait à un niveau de 94, enregistrant ainsi une baisse de 6 % sur cette période.
On voit bien que sur cette période, l'ETF n'a pas triplé la performance de l'indice de référence, mais a multiplié par 3 les performances journalières, ce qui a entraîné une déviation de sa performance à long terme par rapport à l'indice. Ainsi, l'indice reste à 0 % tandis que l'ETF à effet levier x 3 affiche une performance de -6 %.
C'est quelque chose que l'on retrouve en pratique. Si on regarde les pertes de 2022, notamment avec les valeurs de croissance qui ont fortement chuté, en particulier les valeurs technologiques, on observe les différences entre les ETF à effets de levier.
On peut voir ici en violet un ETF qui fait x1 sur le Nasdaq, en orange un ETF qui fait x2, et en bleu un ETF qui fait x3. Sur cette période, l'ETF x1 a globalement eu une performance de 0%, tandis que l'ETF x2 a enregistré une perte de 23 % et l'ETF x3 une perte de 45 %.
Prenons l’événement marquant de l’éclatement de la bulle d’Internet en 2000, le Nasdaq était à son plus haut à 5 048 points mais en octobre 2002 après cette crise l’indice touchait les 1 114 points, une chute de 82 %. Je vous laisse imaginer quel aurait été l’impact sur l’ETF TQQQ x3. Il a fallu plus de 15 ans ans à l’indice pour retrouver son niveau d’avant la bulle.
Je vous parlais du beta slippage, mais si l'on prend maintenant un exemple de beta slippage un peu différent avec une tendance haussière de l'indice, on aura un résultat différent.
- Jour 1 : l’indice monte de 2 %.
- Jour 2 : l’indice baisse de 1 %.
L'indice de référence au bout de 200 séances de Bourse aura enregistré une performance de +165 %, tandis que l’ETF x3 aura atteint une performance de +1 513 %, donc x9, bien loin d’un simple x3. Le fait que l’ETF triple la performance journalière et non annuelle fait que la performance annuelle de l’ETF peut largement dévier du triple de la performance annuelle de l’indice.
Si l'on a un indice sous-jacent qui présente des performances journalières avec une tendance haussière, le beta slippage peut jouer en notre faveur. C'est pourquoi, parfois, les ETF à effet de levier peuvent afficher des performances assez incroyables. À l'inverse, si l'indice sous-jacent a des performances journalières avec une tendance baissière, cela peut clairement jouer en notre défaveur.
L’ETF TQQQ est-il dangereux ?
L’effet de levier est donc très spéculatif et dangereux, car il peut évidemment multiplier les gains, mais peut aussi multiplier les pertes. En théorie, une baisse de 33 % de la valeur de l’indice en 1 journée entraînerait la perte totale du capital investi. C’est tout de même très improbable, en plus il pourrait y avoir une suspension de séance. La pire journée du Dow Jones à la Bourse de New York date du krach d’octobre 1987 avec une chute le 19 octobre 1987 de -22,6 % en une journée.
Il faut noter aussi que mettre dans son portefeuille une grosse partie sur un ETF à effet de levier x3 n’est pas dans ma philosophie d’investissement l’EBI : l’evidence based investing, l’investissement basé sur les preuves, les données, les recherches académiques.
Si vous souhaitez en savoir plus sur l’EBI et apprendre à investir avec bon sens, à construire un portefeuille d’investissement solide et optimisé, vous pouvez regarder ma formation offerte sur le sujet.
Enfin, une des choses les plus importantes à garder en tête c’est que si le Nasdaq-100 a surperformé sur les 20 dernières années, c’est parce que les entreprises technologiques du Nasdaq-100 ont révolutionné notre quotidien et l’économie mondiale. L’introduction du smartphone par Steve Jobs et Apple en est un exemple marquant, changeant radicalement la manière dont même les jeunes enfants, dès l’âge de 3 ans, interagissent avec la technologie, passant souvent plus de 2 heures par jour devant les écrans.
Ces innovations majeures ne se limitent pas aux produits de consommation ; elles ont également transformé le monde de l’entreprise à travers des avancées en IA, en numérique et en informatique.
L’impact de ces disruptions est double sur les marchés financiers.
Premièrement, les bénéfices des entreprises augmentent, ce qui se traduit par une hausse du bénéfice net par action (le BNA) et donc du prix de l’action, si le multiple prix/bénéfice (le PER) reste constant.
Deuxièmement, si les investisseurs ajustent leurs attentes et valorisent davantage ces entreprises en augmentant justement le multiple de valorisation, amplifiant les gains.
Cependant, pour que les actions surperforment, les investisseurs doivent être surpris par les performances des entreprises, car si les investisseurs s’attendent déjà à une forte croissance, alors cela sera pricé, déjà présent dans les prix, avec un fort multiple, annihilant toute surperformance future. La superformance d’une action vient de l’effet de surprise.
La question est donc de savoir si les investisseurs vont être aussi surpris sur les 20 prochaines années qu’ils l’ont été les 20 dernières devant les disruptions technologiques. Si les investisseurs anticipent déjà le potentiel de croissance, le taux de surprise sera beaucoup plus faible, et les entreprises technologiques ne connaîtraient pas la même performance à l’avenir.
Je pense que nous attendons déjà beaucoup des valeurs technologiques, vu certaines valorisations. Et vous, pensez-vous que les entreprises technologiques vont nous suspendre plus qu’elles ont su nous surprendre, ou pensez-vous qu’on attend déjà beaucoup d’elle et que cela est déjà pricé dans les marchés ? Dites-le-moi en commentaire, pour moi, c’est la vraie question à se poser avant d’investir sur le Nasdaq-100.
J’en profite pour vous dire que si vous souhaitez vous former à l’investissement et à la Bourse, ma formation offerte est toujours disponible pour apprendre à construire un portefeuille d’ETF, développer votre patrimoine passivement et avancer avec confiance.