Le Venture Capital (VC) attire de plus en plus d'investisseurs particuliers. Après une forte croissance en 2020 et 2021, les levées s’établissent aujourd’hui à des niveaux importants, et les investissements des particuliers et des Family Office sont de plus en plus nombreux, Logique car avec des promesses de rendements élevés, le capital-risque (autre nom du Venture Capital) apparaît comme plus dynamique que des placements traditionnels. C'est aussi probablement le lien avec le réel, en contribuant au développement d'entreprises, qui attire.
Mais ce mode d'investissement dans les startups nécessite de bien comprendre ses mécanismes avant de se lancer. Je vous propose une présentation complète du Venture Capital, avec ses formes, ses atouts et ses limites.
Qu'est-ce que le Venture Capital ?
Le Venture Capital, ou capital-risque en français, consiste à investir dans des entreprises innovantes en phase de développement. Ces investissements – réalisés par des Venture Capitalists – interviennent généralement très tôt dans la vie de l'entreprise, bien avant qu'elle ne soit rentable ou même qu'elle ne génère du chiffre d'affaires.
L'objectif est de miser sur le fort potentiel de croissance de ces jeunes pousses, avec l'espoir de réaliser une plus-value importante lors de la revente des parts. Les sociétés de Venture Capital prennent généralement des participations minoritaires, ne dépassant pas 50 % du capital. Généralement, c’est entre 10 et 20 % des parts d’une entreprise qui sont ainsi acquises. L’objectif n’est pas de faire basculer le pouvoir mais bien de veiller à accompagner la performance.
Pourquoi le Venture Capital existe t-il ? Car les jeunes entreprises ont parfois des difficultés à obtenir un financement bancaire traditionnel et pourraient également se retrouver en difficulté pour rembourser les sommes prêtées. Le Venture Capital est ainsi un apport financier pour contribuer au développement. L’accompagnement peut prendre d’autres formes et notamment concerner l’expertise et l’apport de réseau de la part des Venture Capitalists.
Les levées de fonds de la part des entreprises auprès des investisseurs peuvent se faire en plusieurs fois. On parle alors de tours de table.
Les tours de table, ou rounds de levée de fonds, représentent les différentes phases de financement d'une startup, chacune correspondant à un stade spécifique de développement. Cette progression séquentielle permet à l'entreprise d'obtenir les moyens nécessaires à sa croissance tout en augmentant sa valorisation.
La séquence commence par le pré-seed, financé principalement par l'entourage (love money), suivi du seed funding qui marque l'entrée des premiers investisseurs professionnels. C'est là que le Venture Capital débute. Viennent ensuite les séries A, B, C et suivantes, avec des montants croissants et des objectifs de plus en plus ambitieux, jusqu'à une possible introduction en Bourse.
Phase | Montant typique | Objectif principal | Investisseurs |
Pré-seed | 10K-100K€ | Validation concept et études de marché | Love money, FFF (Family, Friends, Fools) |
Seed | 100K-1M€ | Développement produit | Business Angels, premiers VC |
Série A | 1M-10M€ | Expansion commerciale et marketing | VC, fonds d'investissement |
Série B | 10M-50M€ | Consolidation marché et croissance | VC, fonds plus importants |
Série C+ | 50M€+ | Acquisitions, expansion internationale | Grands fonds, banques d'investissement |
À chaque tour, la valorisation de l'entreprise augmente généralement, reflétant sa maturité croissante et la réduction progressive des risques.
En synthèse, le Venture Capital regroupe les activités de financement de start-up depuis leur création (amorçage) jusqu’à des stades plus avancés de leur développement (late stage). On dit que le Venture Capital se focalise sur les entreprises en phase de démarrage ou d’accélération. Il s'agit du premier segment du Private Equity (dans lequel on retrouve aussi le Capital Développement (Growth), le Capital Transmission (Leverage Buy-Out) et le Capital Retournement (Turnaround).
Et le Growth, c’est du Venture ? Non ! Le Growth (Capital développement) se situe aux frontières du Venture Capital et du Leverage Buy-Out (LBO). Ce terme désigne l’investissement dans des entreprises qui existent depuis plusieurs années, dont la taille est significative (entre 50 et 500 millions d'euros de chiffre d'affaires) et qui sont déjà rentables ou proches de l'équilibre. Le nombre d’opérations réalisées en Venture reste aujourd’hui plus important qu’en Growth, mais les 2 formes coexistent.
Comment choisir sa façon d'investir ?
Investir avec du sens, et accompagner le développement de jeunes entreprises vous intéresse ? Sachez que plusieurs solutions sont à votre disposition avec le Venture Capital.
Le Venture Capital lorsque l'on débute
Les plateformes de crowdfunding permettent de démarrer avec quelques centaines d'euros, offrant une première exposition au capital-risque avec un risque, justement, maîtrisé. Ces plateformes sont régulées par l'AMF et proposent généralement une due diligence préalable des projets. Oui, le crowdfunding, ce n’est pas du Venture Capital, Je le sais. Mais pour moi, il y a déjà là une logique importante à intégrer qui peut vous préparer au Venture Capital.
En effet, le crowdfunding est un mode de financement plus flexible en termes de secteurs d'activité et d'objectifs que le Venture Capital, mais il est parfait si vous êtes motivé par l'impact social plutôt que le seul retour financier. Les Venture Capitalists prennent une part active dans la gouvernance, siègent au conseil d'administration et accompagnent stratégiquement l'entreprise. Ils ne sont pas de simples financiers. Leur investissement est aussi guidé par la quête de sens, l’envie de construire, de développer. Alors, selon moi, débuter par le crowdfunding en choisissant des projets qui raisonnent pour vous – et qui apportent un retour financier – c’est un premier pas vers le bon état d’esprit. Celui d'un VC ou d'un Business Angel.
Les fonds d'investissement spécialisés offrent une approche plus professionnelle mais requièrent souvent des tickets plus importants, généralement à partir de 100 000 €. Il peut aussi s’agir d’un premier pas vers le Venture Capital.
Les réseaux de Business Angels, quant à eux, permettent de mutualiser expertise et investissements, avec des tickets d'entrée intermédiaires (10 000€ – 50 000€) et l'avantage d'un apprentissage accéléré au contact d'investisseurs chevronnés.
L’approche des Business Angels est différente, mais complémentaire à celle des Venture Capitalists purs. Les Business Angels sont généralement les premiers investisseurs externes après l'entourage proche. Ils interviennent à un stade précoce, quand l'entreprise est encore en phase de développement initial. Les Venture Capitalists privilégient des entreprises (légèrement) plus matures, ayant déjà validé certains aspects de leur modèle. Mais les 2 univers se confondent.
Faut-il investir seul ou accompagné ?
L'investissement direct offre plus de contrôle et potentiellement plus de rendement, mais demande une expertise pointue en évaluation d'entreprises, une connaissance approfondie des aspects juridiques et une capacité à accompagner les entrepreneurs. Il nécessite également un temps considérable pour la due diligence et le suivi post-investissement.
Les solutions collectives (fonds, clubs d'investisseurs) apportent une diversification et un accompagnement professionnel, au prix d'une certaine dilution du rendement et de frais de gestion (généralement 2 % annuels et des commissions de surperformance). Elles permettent cependant d'accéder à un portefeuille diversifié et à une expertise professionnelle. C'est la voie que je vous recommande dans un premier temps pour faire vos gammes.
En clair, à vous de voir si vous voulez faire du pur VC, ou devenir Business Angel, qui sait !
Caractéristiques | Business Angel (BA) | Venture Capital (VC)
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Timing d'intervention | Stade précoce (seed, pre-seed) | Stades plus avancés (Series A et suivantes)
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Profil investisseur | Particulier, souvent entrepreneur ou expert du secteur | Structure professionnelle gérant des fonds tiers
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Montants investis | Quelques dizaines à centaines de milliers d'euros | Plusieurs millions d'euros
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Motivation principale | Transmission d'expérience et retour financier | Performance financière pour les investisseurs
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Type d'accompagnement | Mentorat personnalisé, expertise métier directe | Support stratégique institutionnel
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Horizon d'investissement | Flexible, sans contrainte de sortie | Défini (généralement 5-7 ans) |
Valeur ajoutée principale | – Expertise opérationnelle
– Réseau personnel
– Implication directe | – Réseau institutionnel
– Synergies inter-portefeuille
– Accès aux financements futurs |
Processus décisionnel | Personnel et souvent rapide | Structuré et plus long (comités)
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Secteur d'intervention | Souvent limité à leur domaine d'expertise | Multiple, selon la thèse d'investissement
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Contraintes | Limitées, grande flexibilité | Gouvernance stricte, reporting régulier
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Venture Capitalists et fonds de VC
Les fonds de Venture Capital sont les acteurs historiques du secteur. Gérés par des équipes spécialisées, ils lèvent des capitaux auprès d'investisseurs institutionnels et de particuliers fortunés pour les investir dans un portefeuille de startups. Leur expertise dans la sélection et l'accompagnement des projets est précieuse, mais leurs services sont souvent réservés aux investissements conséquents.
L'intérêt de passer par un VC tient à leur position unique dans l'écosystème de l'innovation. Les équipes analysent des centaines voire des milliers de projets chaque année, développant une connaissance pointue des tendances technologiques et des dynamiques de marché. Cette expertise permet une sélection rigoureuse basée sur la qualité des équipes fondatrices, la taille du marché, et le potentiel de croissance du modèle économique. Comme il est important de choisir une bonne plateforme de crowdfunding qui sélectionne des projets avec sérieux, il faut choisir des VC qui ont une expertise élevée.
Les VC créent des synergies. Ce sont des catalyseur d'écosystèmes. Regardez par exemple Sequoia Capital, Andreessen Horowitz ou Accel Partners qui ont façonné la Silicon Valley en créant des synergies entre leurs startups. En France, Partech, Elaia Partners ou Eurazeo accompagnent leurs participations avec un réseau international d'experts et de partenaires, des ressources opérationnelles (recrutement, développement commercial, internationalisation).
Les VC apportent une expertise juridique et financière. Ils mènent les due diligences, structurent les opérations avec des mécanismes de protection et supervisent la gouvernance via les conseils d'administration. Cette rigueur est essentielle dans un marché où l'évaluation des startups reste complexe.
L'impact des VC dépasse comme vous le comprenez le financement. Ils structurent les entreprises, affinent leur proposition de valeur et accélèrent leur croissance. BlaBlaCar (ISAI et Index Ventures) ou Doctolib (Accel et Eurazeo) démontrent la capacité des VC à transformer des startups en leaders de marché.
Les VC anticipent aussi les mutations technologiques et sociétales majeures. Transition écologique, intelligence artificielle, nouvelles mobilités : ils donnent accès aux innovations qui transforment l'économie. En investissant avec eux, vous pouvez accéder à des solutions modernes, contemporaines, qui sont alignées avec les enjeux actuels.
Le recours à un VC combine donc expertise sectorielle, accompagnement stratégique et mutualisation des risques. Cette valeur justifie leurs frais de gestion, particulièrement dans un environnement où la détection et l'accompagnement des futures pépites devient déterminant. J'insiste, mais la mutualisation des risques est un réel atout, par opposition au danger que représente l’investissement en solo. Face au taux d'échec élevé des startups, les VC construisent des portefeuilles où quelques succès majeurs compensent les échecs. Cette approche optimise le rapport risque/rendement.
Comment évaluer une opportunité ?
Les critères essentiels
L'évaluation d'une startup repose sur 3 piliers fondamentaux : la qualité de l'équipe fondatrice, le potentiel du marché et enfin l'avantage compétitif.
La qualité de l'équipe fondatrice
Les projets, ce sont avant tout des hommes et des femmes. Alors, parmi les fondateurs, il faut aller chercher des données sur l’expertise, la complémentarité des profils et la capacité d'exécution. L'équipe doit démontrer une connaissance approfondie de son marché, une vision claire et la capacité à pivoter si nécessaire. La complémentarité des profils (technique, commercial, opérationnel) est souvent déterminante.
Le potentiel du marché
Une bonne idée, c’est bien. mais avec quelle demande en face ? La taille du marché, sa croissance et l'existence d'un besoin réel sont à regarder. L'analyse du potentiel de marché d'une startup s'articule autour de plusieurs niveaux.
Le TAM (Total Addressable Market) représente la taille totale du marché théorique si la startup capturait 100 % de son marché cible. Par exemple, pour une startup développant une solution de paiement pour les restaurants, le TAM correspondrait au volume total des transactions dans la restauration au niveau mondial ou national. Pour être attractif, ce TAM doit généralement atteindre plusieurs milliards d'euros.
Le SAM (Serviceable Addressable Market) est plus réaliste. C'est la portion du TAM que la startup peut réellement servir avec son modèle économique et ses ressources actuelles. Dans notre exemple des restaurants, le SAM pourrait se limiter aux établissements indépendants des grandes villes françaises, excluant les chaînes déjà équipées ou les zones géographiques non couvertes.
La validation par les « early adopters » (premiers utilisateurs) est cruciale : ces clients pionniers permettent de vérifier que le produit répond à un véritable besoin. Leur retour d'expérience et leur fidélisation sont des indicateurs précieux de la pertinence de la solution.
Enfin, le marché doit être dynamique, avec une croissance annuelle d'au moins 20 %. Cette forte croissance est nécessaire pour permettre à la startup de se développer rapidement sans avoir à prendre trop de parts de marché à des concurrents établis.
L'avantage compétitif
Quelle est la technologie, le modèle économique ou encore l'innovation qui différencie la startup ? Cet avantage doit être défendable dans la durée, que ce soit par des brevets, des effets de réseau ou une avance technologique significative.
Les risques auxquels il faut se préparer
L'investissement dans les startups comporte des risques substantiels qu'il est essentiel d'appréhender avant de s'engager. La réalité du marché est sans appel : beaucoup de startups échouent. Selon les statistiques de l'INSEE, 25 % des entreprises échouent dans les 2 premières années et 49,5 % dans les 5 premières années. Un risque d’échec qui expose les investisseurs à une perte totale. Au-delà de ce risque fondamental, vous devez accepter une très faible liquidité de votre placement, les fonds étant généralement immobilisés pendant plusieurs années sans possibilité de sortie anticipée.
La dilution constitue un autre enjeu majeur. Au fil des levées de fonds successives nécessaires à la croissance de l'entreprise, la part de votre mise initiale peut se retrouver significativement réduite. Si vous ne voulez pas ou ne souhaitez pas réinvestir pour maintenir votre pourcentage de détention, votre investissement va être dilué.
L'expérience du secteur du capital-risque met en évidence plusieurs risques majeurs qui se combinent fréquemment.
- Le risque d'exécution : même une excellente équipe peut échouer à concrétiser sa vision et à tenir sa feuille de route.
- Le risque de marché : la demande anticipée peut ne jamais se matérialiser, ou évoluer dans une direction différente de celle prévue initialement.
- La dimension concurrentielle : l'émergence de solutions alternatives plus performantes ou mieux financées peut rapidement marginaliser une startup prometteuse.
- Le risque financier : l'impossibilité de lever des fonds supplémentaires dans de bonnes conditions peut condamner une entreprise, même si son développement est encourageant.
- Les aspects technologiques et réglementaires : des difficultés techniques imprévues peuvent retarder ou compromettre le développement du produit, tandis que des évolutions législatives défavorables peuvent remettre en cause tout un modèle économique.
Comment protéger son investissement ?
La meilleure protection (financière) reste la diversification du portefeuille. Cette approche permet de mutualiser les risques et d'optimiser le couple rendement/risque global de l'investissement en Venture Capital. Ne misez pas tout sur le VC, et si vous vous lancez, ne misez pas tout avec le même secteur, la même zone géographique, etc.
Confiez cet investissement à un professionnel, un fonds, qui vous permettra de vous exposer à des dizaines voire des centaines d'entreprises. Vous pouvez également investir dans plusieurs fonds, toujours dans une logique de diversification renforcée.
En synthèse, et si vous voulez agir et vous lancer, débutez dans le Venture Capital en suivant ces 3 étapes :
- Informez-vous via les plateformes spécialisées et la presse du secteur. Cet article est un premier pas. Je vous propose une approche plus détaillée dans ma formation LBD Pro.
- Rejoignez un réseau d'investisseurs pour partager expériences et opportunités.
- Commencez modestement, idéalement via une solution collective, pour appréhender le secteur sans risquer gros
Le Venture Capital peut offrir des rendements attractifs, mais nécessite une approche méthodique et progressive. La clé du succès réside dans votre formation continue, votre éduction financière, et toujours la construction progressive d'un portefeuille diversifié.