Le Private Equity, ou capital-investissement, est un mode d'investissement peu connu du grand public, offrant pourtant des avantages inédits notamment en matière de diversification et de performance. L’objectif de cette classe d’actifs est d'investir dans le capital d'entreprises non cotées en Bourse, par opposition au « Public Equity » qui correspond à l’investissement dans des sociétés cotées (via des actions et obligations par exemple).
En échange d’une prise de participation au capital, votre investissement contribue au développement de ces sociétés généralement innovantes, à fort potentiel de croissance. L’objectif est de miser sur la hausse de la valorisation de cette participation pour obtenir une plus-value au terme d’un cycle d’investissement qui peut aller de quelques années à 10 ans ou plus. Une classe d'actifs distincte et complémentaire des placements en Bourse donc, avec des rendements potentiellement très élevés. Mais il s'agit d'un placement plus risqué et illiquide que d'autres solutions. Je vous aide à y voir plus clair.
Private Equity : définition
Le Private Equity est une forme d’investissement privé, qui consiste à investir dans des sociétés non cotées en Bourse, le plus souvent pour une période longue, dans le but de les accompagner dans une phase précise (création, lancement, développement, croissance). L’objectif est ensuite de revendre cette participation et générer une importante plus-value. On est ici dans un objectif de création de valeur à long terme.
Attention, le ticket d’entrée est élevé. À l’exception des club-deals et de certaines opérations via des intermédiaires, se positionner en Private Equity au travers de fonds ou en direct nécessite d’investir 100 000 € au minimum, voire parfois plusieurs millions d’euros.
Phase | Capital investissement |
Capital amorçage (phase avant la création) Love money, prêt d'honneur, concours, incubateurs, aides publiques | de 50 000 à 300 000 € |
Capital amorçage (création) Business Angels, Crowdfunding, Fonds d'amorçage | de 100 000 à 500 000 € |
Capital risque (confirmation) | Entre 500 000 et 10 millions d'euros ou plus |
Capital développement (décollage) | > 3 millions d'euros |
Le fonctionnement du Private Equity et ses segments
On retrouve souvent le Private Equity pour accompagner le lancement de start-up, qui effectuent des levées de fonds, et font donc appel à cette forme d’investissement privé. Il peut aussi s’agir d’un modèle utilisé pour des projets immobiliers. Plus généralement, toutes les entreprises qui ne sont pas cotées sur un marché en bourse peuvent utiliser le Private Equity à un moment de leur existence.
D’ailleurs, on distingue différentes phases d’investissement en Private Equity selon la maturité de l’entreprise. On parle plus précisément de segments du Private Equity, qui correspondent au stade d’avancement / développement des entreprises.
- Le capital-risque (Venture capital) : sociétés en phase d’amorçage, qui ne sont pas encore rentables. C’est le monde des start-up. Les entreprises ont des besoins financiers importants. Ce financement de départ est également là pour valider le concept (brevets, R&D, embauches initiales). Un segment risqué mais potentiellement très rémunérateur.
- Le capital-développement (Growth capital) : entreprises qui ont déjà un modèle éprouvé et qui ont besoin de financement pour se développer. C‘est littéralement le « financement de la croissance » (embauches, location, multiplication des capacités de production, acquisitions) une fois le seuil de rentabilité dépassé.
- Le capital-transmission (LBO, pour Leveraged But-Out) : c'est le segment majeur du Private Equity. Le capital-transmission vise à racheter une entreprise mature dont les actionnaires majoritaires souhaitent se retirer. Ce type d'opération est généralement initié par des fonds d'investissement qui cherchent à s'endetter pour acheter une société cible et à la revendre ultérieurement avec une plus-value.
- Le capital-retournement (Tournaround) : rachat de sociétés en difficulté, pour les redresser. Un segment à haut risque, que je vous recommande d’éviter sauf en étant déjà familier avec le Private Equity.
Les acteurs du Private Equity
Le Private Equity est une classe d'actifs gérée parfois par des fonds d'investissement spécialisés qui apportent non seulement des capitaux mais aussi leur expertise pour faire croître ces entreprises.
Les investisseurs institutionnels – comme les fonds de pension – représentent l'essentiel des capitaux investis dans cette classe d'actifs très peu liquide mais qui vise des rendements élevés supérieurs à 10 % par an pour compenser les risques. Mais des acteurs cherchent désormais à démocratiser l'accès au Private Equity auprès d'investisseurs privés, et il s’agit d’une solution qui peut peut-être vous correspondre. C’est le cas notamment via les club-deals et autres opportunités accessibles avec des sommes plus faibles. En tant que particulier, vous pouvez accéder à des opportunités.
Les formes concrètes du Private Equity
Il est possible d’investir en Private Equity avec l’émission d’obligations (obligations convertibles et obligations avec bons de souscription d’actions). En échange, la société concernée donne un horizon de remboursement et un objectif de rendement. Les obligations présentent l’avantage d’apporter une priorité en cas de remboursement (après les banques).
Parfois, on retrouve l’émission de parts (de titres). Il peut s’agir d’actions qui étaient déjà existantes ou de nouvelles actions créées à cet effet. On retrouve là les actions classiques et les actions privilégiées. Cette dernière catégorie, « l’equity préférentiel », apporte une priorité dans la cascade des paiements par rapport à l’equity classique (après les banques et les détenteurs d’obligations). Ce sont des droits préférentiels sur le dividende et le remboursement en cas de faillite.
Les raisons d’investir dans les entreprises non côtées
Investir dans des entreprises non cotées, via le Private Equity, cela présente de nombreux avantages si vous cherchez à diversifier votre patrimoine et maximiser vos rendements.
Potentiel de rendements élevés
Les meilleurs fonds de Private Equity affichent régulièrement des performances annualisées supérieures à 20 %, grâce à une gestion très active. Ces rendements font plus que compenser l'illiquidité temporaire de ces investissements.
Vous voulez des exemples ? La croissance annuelle moyenne du chiffre d'affaires des entreprises Archimed (société d'investissement internationale spécialisée dans les industries de la santé) est de + 15 %. Les rendements sur capitaux investis sont de 4,5x en moyenne. Chez Archinvest, on affiche +18 % de performance annuelle sur la période 2010-2018.
Bonne nouvelle, ce rendement potentiellement plus élevé ne peut pas être garanti, mais il existe une forme de « continuité » dans la performance des fonds. Une récente étude de Schroders révèle que les performances passées des fonds de Private Equity peuvent être un indicateur utile de leurs futures performances, contrairement aux actifs cotés. Ainsi, « 36 % des gérants (General Partners, GP) de fonds figurant dans le quartile supérieur pour un millésime ont enregistré des performances de quartile supérieur pour le fonds suivant ».
Cette persistance se vérifie que ce soit en Amérique du Nord, en Europe ou en Asie, et concerne autant le capital-investissement que le capital-risque. Elle est statistiquement significative, particulièrement pour les fonds de petite et moyenne taille. Les grands fonds en revanche ont moins de continuité dans leurs performances.
A contrario, la persistance des mauvais résultats (quartile inférieur) est forte quelle que soit la taille des fonds.
France Invest a compilé les données de performance du Private Equity par horizon d'investissement et, comme vous le voyez, les chiffres sont excellents, avec des résultats à 2 chiffres presque systématiques, à l'exception des fonds mixtes.
Diversification du portefeuille
En accédant à l'univers des sociétés non cotées, le Private Equity ouvre la porte à une multitude d'entreprises de toutes tailles et tous secteurs. Car il n’y à pas que la Bourse dans la vie ! On compte – à l’échelle mondiale – plus de 95 000 sociétés privées ayant un chiffre d'affaires annuel supérieur à 100 millions de dollars. Mais seulement 10 000 sociétés cotées en Bourse (dites publiques) ayant les mêmes performances. Vous mesurez bien le nouvel horizon d’investissement qu’apporte le Private Equity !
Cette classe d'actifs offre de fait une très faible corrélation avec les marchés cotés, permettant ainsi une bonne diversification des risques. Si vous avez déjà une exposition à la Bourse structurée et complète, et de l'argent à mobiliser, le Private Equity est une excellente piste !
Accès à des entreprises prometteuses
Le non-coté offre un large éventail d'opportunités d'investissement qu'on ne trouve pas en Bourse, comme je viens de le préciser. Il permet d'accéder à des sociétés à fort potentiel de croissance, des pépites technologiques ou des entreprises très spécialisées dans des niches porteuses.
Le marché côté est limité alors que l'univers du non-coté regorge de sociétés innovantes et peu valorisées. Une opportunité de se positionner en amont sur des champions en devenir, et ainsi pourquoi pas de combiner investissement et passion.
Vous placez votre argent dans l’économie réelle, dans des PME, ETI et start-up ou géants, ce qui donne du sens à votre investissement. Mais il faut absolument se faire accompagner et recevoir de l’aide, par exemple avec l’appui d’un conseiller en gestion de patrimoine.
Participation au développement des entreprises
En tant qu'investisseur dans un fonds de Private Equity, vous pouvez être amené à siéger au conseil d'administration des sociétés non cotées dans lesquelles vous placez des fonds. Une manière de participer, concrètement, au projet.
Ce sont les équipes des fonds de Private Equity, les gérants, qui interviennent de manière active auprès des entreprises de leur portefeuille si vous investissez par leur intermédiaire. Vous n’allez pas vous-même participer dans le cas de projets de très grande envergure.
Mais si vous devenez Business Angel ou êtes un acteur important d’un tour de table, vous pouvez avoir ce rôle direct dans l’entreprise et sa gestion.
Les risques du Private Equity ?
La promesse d’un rendement élevé et d’une diversification forte est, vous le devinez, contrebalancée par des risques bien réels.
Risque de liquidité
Le Private Equity est un investissement à long terme, avec un horizon de placement variable, que l’on peut estimer entre 8 à 12 ans en général. Certaines opérations peuvent permettre des sorties plus rapides, avec les objectifs de quelques mois à 1 ou 2 ans, mais une immense majorité des placements sur ce type d’actifs nécessite une vision dans la durée.
Cela entraîne inévitablement un risque de liquidité, renforcé par le fait qu’il s’agisse d’un marché de gré à gré. Impossible de sortir et de revendre des actions ou obligations comme on peut le faire avec des actions en Bourse sur une plateforme en ligne en quelques minutes. Les fonds spécialisés en secondaire peuvent fournir des liquidités avant la fin de l’horizon de placement aux investisseurs institutionnels ou encore aux gérants de fonds en rachetant les parts dans les fonds ou les entreprises en participation. Mais vous ne pouvez pas en bénéficier directement en étant particulier investisseur.
Risque de valorisation
L'un des principaux risques en Private Equity réside dans la valorisation initiale des entreprises non cotées. Faute de prix de marché observables, il est particulièrement complexe d'établir une juste valeur pour ces sociétés généralement non rentables en phase de développement. Un enjeu crucial puisque c'est sur cette base que seront calculées les plus-values à la sortie.
Les méthodes d'évaluation reposent essentiellement sur des projections financières et l'application de multiples, souvent issues d’entreprises comparables cotées. Elles intègrent donc une part importante de subjectivité avec un risque élevé de surestimer la valorisation réelle. La prise de risque est clairement là !
Risque de performance
Outre la valorisation d'entrée, c'est surtout la capacité à faire progresser significativement la valeur des participations pendant leur détention qui constitue le principal défi des fonds de Private Equity. Une mission d'autant plus ardue que ces sociétés non cotées présentent souvent des modèles économiques innovants et très risqués.
Les équipes de gestion doivent ici démontrer toute leur expertise opérationnelle, stratégique et sectorielle pour accompagner la forte croissance de ces entreprises, optimiser leur développement et résoudre les inévitables défis rencontrés. Un suivi de très haute qualité est indispensable pour espérer dégager des rendements supérieurs.
Les meilleurs fonds, qui constituent des paniers d’entreprises et qui ont des résultats concrets, sont souvent sold-out. D’une année à l’autre, les investisseurs les plus fortunés renouvellent leur confiance, et les places pour rentrer sont limitées. Il y a bien plus de demandes que d'offres sur les meilleures opportunités en Private Equity.
Risque réglementaire
Le Private Equity reste un secteur particulièrement réglementé et contrôlé, que ce soit au niveau national ou européen. L'évolution de la législation, notamment en matière fiscale, peut avoir un impact majeur sur l'environnement d'investissement et la rentabilité des opérations.
De nouvelles réglementations contraignantes comme la directive AIFM (qui renforce les obligations de transparence, de reporting, de dispositifs de gestion des risques et de gouvernance pour les sociétés de gestion) ou plus récemment SFDR/Taxonomie verte (qui impose de nouvelles obligations de reporting ESG aux acteurs de la gestion d'actifs) ont ainsi considérablement alourdi les contraintes pesant sur les acteurs du non-coté. Un cadre juridique sans cesse mouvant qui ajoute de la complexité et des coûts supplémentaires.
Risque de perte en capital
Avec le Private Equity, il existe un risque de perdre tout ou une partie du montant investi. Une probabilité malheureusement élevée compte tenu du stade de développement très risqué des entreprises ciblées, souvent innovantes avec un business model non éprouvé.
Malgré les efforts de diversification et de suivi rigoureux, une proportion non négligeable des participations échouera pendant la période de détention pour des raisons technologiques, commerciales, managériales… Certains fonds peuvent alors être contraints de provoquer des dépréciations de valeur significatives dans leur portefeuille.
Comment investir concrètement dans une entreprise non cotée ?
Les différentes catégories de Private Equity
L’investissement en direct
L'investissement en direct constitue la forme la plus pure de Private Equity. L'investisseur prend alors une participation minoritaire ou majoritaire directement au capital d'une société cible non cotée. C'est le « vrai Private Equity ».
Cette stratégie nécessite cependant des moyens financiers très importants, une grande expertise pour sélectionner les dossiers, réaliser les audits et monter les tours de table.
Elle requiert également un suivi opérationnel rapproché auprès des entreprises en portefeuille pendant plusieurs années. Seuls les investisseurs particuliers les plus fortunés ou les family offices peuvent réellement se lancer dans cette voie exigeante.
L’investissement via des fonds spécialisés
L'approche la plus répandue consiste à investir via des fonds d'investissement dédiés, gérés par des sociétés de gestion spécialisées dans le non-coté. Ces fonds permettent d'accéder à une gestion professionnelle et de mutualiser les ressources.
Les gérants sélectionnent et investissent dans de multiples dossiers (10 à 20 en moyenne), répartissant ainsi les risques pour les souscripteurs du fonds. Ils apportent leur expertise tout au long du cycle de vie des participations.
Cependant, l'entrée dans ces fonds est généralement réservée aux investisseurs qualifiés (family offices, fonds de fonds, institutionnels) ou requiert des tickets d'investissement très élevés pour les particuliers.
L’investissement à travers des plateformes en ligne spécialisées
Pour démocratiser l'accès au Private Equity, de nouvelles plateformes en ligne se sont développées ces dernières années. Elles permettent à des investisseurs de tous horizons de financer en direct et de manière fractionnée des entreprises non cotées, à partir de quelques centaines d'euros.
Via un système d'equity crowdfunding (crowdequity), ces plateformes réunissent les souscriptions de nombreux contributeurs lors d'augmentations de capital d'une PME. Les investisseurs peuvent ainsi se constituer un portefeuille diversifié de participations dans des start-ups/PME à fort potentiel. Anaxago ou Wiseed en sont des exemples. J’évoque d'ailleurs les club-deals proposés dans mon avis Anaxago que je vous invite à consulter.
En contrepartie d'un accès simplifié, ces plateformes prélèvent des frais de souscription et de gestion plus élevés. Leurs processus de sélection peuvent aussi être moins rigoureux qu'une société de gestion traditionnelle.
Les solutions d’investissement que je recommande
Différents véhicules d'investissement dans le non-coté sont accessibles pour vous.
Les FCPR (Fonds Communs de Placement à Risques) sont des fonds d'investissement qui permettent d'investir la plupart du temps dans des PME. Ils peuvent intervenir à différents stades de développement (capital risque, capital développement, transmission). Les FCPR bénéficient d'un régime fiscal avantageux avec une exonération des plus-values après 5 ans de détention.
Les FIP (Fonds d'Investissement de Proximité) sont une catégorie spécifique de FCPR qui investissent au minimum 70 % de leurs actifs dans des PME régionales non cotées, avec une contrainte de proximité géographique.
Les FCPI (Fonds Communs de Placement dans l'Innovation) sont des véhicules dédiés au financement des PME innovantes, dans les secteurs de la recherche, du développement de nouveaux produits/services. Ils peuvent intervenir en amorçage, capital-risque ou capital-développement.
Tous ces fonds offrent aux investisseurs particuliers un accès privilégié au non-coté, avec des avantages fiscaux intéressants (réduction d'IR ou exonération après une période de conservation). C'est une manière de participer au financement et au développement des PME/ETI françaises. Mais ces fonds comportent aussi des risques de liquidité et de perte en capital importants à bien prendre en compte.
En conclusion, le Private Equity offre des opportunités de rendement et de diversification attrayantes, mais qui s'accompagnent également de risques significatifs à bien prendre en compte. En investissant dans des sociétés non cotées à fort potentiel, on accède à un vaste univers complémentaire des marchés financiers traditionnels… mais il faut redoubler de prudence, et de patience.
Les meilleures équipes de gestion du secteur ont su démontrer sur la durée leur capacité à dégager des performances financières très élevées, souvent supérieures à 20 % par an. Mais ces rendements sont la contrepartie d'une illiquidité importante, avec des cycles d'investissement longs de 5 à 10 ans minimum.
Les spécificités de cette classe d'actifs font peser d'autres risques majeurs comme celui d'une mauvaise valorisation initiale, de défaillances d'entreprises dans les portefeuilles ou encore d'évolutions réglementaires défavorables. C'est pourquoi le Private Equity requiert une réelle expertise pour sélectionner rigoureusement les meilleurs véhicules d'investissement.
Réservé par essence à des investisseurs qualifiés et fortunés, le Private Equity tend aujourd'hui à se démocratiser progressivement. Cette « ouverture » ne doit pas faire oublier la dimension risquée de ces investissements dans le non-coté. Une diversification réfléchie et un accompagnement par des professionnels, comme le cabinet S'investir Conseil restent donc primordiaux pour vous positionner.