Vous avez eu un « tips » sur une crypto-monnaie, et vous voulez miser beaucoup sur elle avant que son cours ne décolle ? Vous avez un ami qui connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un, et vous pensez avoir une information exclusive à propos d’une pépite de la « tech » dont la valeur va exploser ? C’est bien. Mais attention à cette façon d’investir impulsive, au coup par coup.
Dans un univers financier toujours plus accessible mais paradoxalement toujours plus complexe, il est tentant d’être un investisseur actif, et d’acheter, vendre, bref être toujours en veille. La gestion active est pourtant une stratégie qui, statistiquement, n’est que rarement payante. A l’inverse justement de la gestion passive. Je vous présente cette forme d’investissement et son intérêt pour vous.
Définition de la gestion passive
La gestion passive est une stratégie d’investissement qui vise à maximiser la performance tout en minimisant le temps consacré à la gestion de portefeuille. Un équilibre parfait temps/investissement. Cette approche consiste fondamentalement à répliquer la performance d’un indice de marché spécifique plutôt que de chercher à le surpasser, et à miser sur des classes d’actifs qui ne demandent pas (ou peu) d’intervention.
Contrairement à la gestion active qui ambitionne de battre le marché par des décisions de stock-picking et de market timing, la gestion passive se fixe pour objectif de capter la performance des marchés dans leur ensemble, et dans la durée. On ne vise pas un gros coup, on se positionne pour être là longtemps, et récolter les fruits saison après saison. L’idée derrière l’approche via la gestion passive est en fait un postula : il est difficile, voire impossible, de surperformer de manière consistante et de battre le marché. Il suffit pour le comprendre de regarder les études de SPIVA : 90 % des gérants professionnels sous-performent 👎. Même les gérants professionnels !
Le développement fort ces dernières années de la gestion passive dérive de travaux menés depuis la moitié du XXe siècle. En 1964, William Sharpe a développé le modèle d’évaluation des actifs financiers. Ce modèle constitue l’épine dorsale de la théorie moderne des prix des marchés financiers. Parallèlement, Eugene Fama établit l’hypothèse de l’efficience des marchés financiers, stipulant que toute information nouvelle se reflète précisément et immédiatement dans le prix de chaque titre.
➡️ Ces travaux théoriques ont posé les bases conceptuelles de la gestion passive en démontrant que, dans un marché efficient, la valeur intrinsèque d’un titre correspond au prix fixé par le marché à chaque instant. Les ETF – aussi appelés fonds indiciels – sont apparus eux en 1975 grâce à John Bogle. Ils ont contribué à l’émergence de cette forme passive de la gestion de portefeuille. Ils font partie des véhicules que je recommande d’ailleurs, nous allons le voir ci-après.
Les principes fondamentaux de la gestion passive
La gestion passive, cela ne consiste pas exactement à investir puis attendre. Oui, les actions que l’on doit réaliser en tant qu’investisseur sont plus limitées, mais il faut tout de même suivre ses placements. Voici un éclairage pour vous aider à mieux comprendre les principes de la gestion passive.
La diversification comme pilier
Les stratégies sous-jacentes à la gestion passive reposent sur la diversification, qui consiste à déployer un univers d’investissement le plus large possible et ainsi maximiser le nombre d’actifs en portefeuille. Cette diversification permet de réduire le risque spécifique à une classe d’actifs tout en conservant l’exposition au risque de marché.
➡️ Un investisseur en gestion passive cherchera donc à détenir une portion représentative de l’ensemble du marché, répartissant ainsi les risques sur de nombreuses entreprises, secteurs et zones géographiques. Cette approche élimine le risque lié à la sélection d’un nombre limité de titres tout en garantissant une exposition complète aux opportunités de croissance du marché. Cela peut vous paraître contre-intuitif de ne pas miser sur un cheval, ou quelques chevaux. Pourtant, cette diversification est un vrai rempart face aux potentielles fortes pertes. J’évoque en détail cette diversification ci-après, dans la partie dédiée aux allocations.
Le « time in market » plutôt que le « timing the market »
Le time in market privilégie un investissement précoce pour maximiser « le temps dans le marché », c’est-à-dire la durée d’investissement. Cette philosophie privilégie la durée d’exposition aux marchés plutôt que la recherche du moment idéal pour investir.
➡️ L’expérience démontre que demeurer investi sur le long terme, malgré les fluctuations de court terme, génère généralement de meilleurs résultats que les tentatives de synchronisation avec les cycles de marché. C’est ce que j’évoquais en introduction. Il est difficile d’avoir la bonne information au bon moment pour investir. Et qui dit que vous aurez la bonne information pour sortir d’un placement et vendre ? Vous le voyez, se positionner dans la durée c’est une façon plus simple, et moins stressante, d’envisager un placement. Arrêtez d’attendre le « bon moment ». Vous connaissez peut-être la maxime « le meilleur moment pour commencer à investir était hier, le deuxième meilleur moment est aujourd’hui, et le pire des moments c’est d’attendre demain ».
L’absence de prévision
La gestion passive n’essaie pas de battre les marchés en sélectionnant les titres ou les fonds susceptibles de surperformer, elle ne modifie pas l’exposition aux marchés suivant leur évolution (que l’on appelle « market timing »). C’est une gestion sans prévision. Quoi, pas de feuille de route ? Si, mais un plan qui ne change pas face aux éléments.
Cette approche reconnaît les limites de la capacité humaine à prédire l’évolution des marchés et préfère s’appuyer sur la performance historique à long terme des marchés financiers. Ne vous faites pas trop confiance… faites confiance au marché !
Concrètement, cela signifie que vous n’allez pas passer vos soirées à analyser les bilans comptables, à décortiquer les prévisions économiques ou à suivre les recommandations d’analystes. Vous n’allez pas non plus ajuster votre portefeuille selon que les marchés sont « baissiers » ou « haussiers ». L’investisseur passif accepte l’idée qu’il ne peut pas systématiquement anticiper les mouvements de marché. Vous allez devoir faire cette concession, pour vous libérer et investir avec plus de sérénité.
➡️ Cette humilité face aux marchés peut dérouter au début. Nous avons tous tendance à penser qu’avec suffisamment d’informations et d’analyses, nous pouvons déjouer les pièges du marché. Pourtant, les études montrent que même les professionnels de la finance peinent à battre régulièrement les indices de référence. Alors pourquoi s’infliger ce stress et cette charge de travail ?
✅ En gestion passive, votre « prévision », c’est simplement de croire que les marchés financiers continueront à croître sur le long terme, comme ils l’ont fait historiquement. C’est un pari sur l’innovation humaine, sur la capacité des entreprises à créer de la valeur et sur la croissance économique mondiale. Un pari finalement moins risqué que d’essayer de deviner quel secteur va exploser l’année prochaine ou à quel moment il faut sortir du marché.
Les ETF, le véhicule star de la gestion passive
Un ETF (Exchange Traded Fund) est un fonds coté en Bourse dont l’objectif consiste à répliquer au mieux un indice boursier. Les ETF, également appelés trackers, sont en quelque sorte les « couteaux suisses » de l’investissement moderne. Ils combinent les avantages des fonds d’investissement traditionnels avec la flexibilité de négociation des actions. Imaginez pouvoir acheter d’un coup toutes les entreprises du CAC 40 ou du S&P 500, sans avoir à passer 40 ou 500 ordres différents. C’est exactement ce que permet un ETF.
Cette simplicité cache une révolution dans l’accès aux marchés financiers. Là où il fallait auparavant des capitaux importants et des frais élevés pour diversifier correctement un portefeuille, un simple ETF vous ouvre les portes d’une diversification instantanée à moindre coût, parfois quelques dizaines d’euros voire moins. Vous voulez investir sur les marchés émergents ? Un ETF peut le faire. Vous voulez vous exposer à l’immobilier mondial ? Un ETF en est capable. Vous avez envie de vous positionner sur les obligations d’État européennes ? Encore un ETF. C’est cette accessibilité qui a démocratisé l’investissement passif, et qui continue aujourd’hui de séduire.
Les méthodes de réplication des ETF : 3 façons de copier un indice
3 méthodes principales de réplication d’indices prévalent dans la gestion passive via les ETF.
1️⃣ Avec la réplication physique complète, l’ETF détient physiquement tous les titres composant l’indice dans les mêmes proportions. Cette méthode offre la meilleure transparence mais est aussi coûteuse pour les indices comportant de nombreux titres. C’est la méthode la plus « pure » : vous savez exactement ce que vous possédez. L’inconvénient ? Quand un indice contient 1 500 actions comme le S&P 1500, acheter et gérer tous ces titres génère des coûts de transaction non négligeables. Cela se ressent sur les frais de gestion.
2️⃣ La réplication physique par échantillonnage est différente. Dans ce cas, l’ETF détient un échantillon représentatif des titres de l’indice, optimisé pour reproduire au mieux la performance tout en réduisant les coûts de transaction. C’est un compromis intelligent entre précision et efficacité. Plutôt que d’acheter les 1 500 titres, l’ETF va sélectionner les 200 ou 300 plus représentatifs. Vous n’aurez peut-être pas exactement la même performance que l’indice, mais l’écart sera minimal et les frais réduits.
3️⃣ Enfin, la réplication synthétique est une méthode qui utilise des produits dérivés sur indice, principalement des contrats à terme ou des swaps. L’ETF ne détient pas physiquement les titres mais s’engage contractuellement à reproduire la performance de l’indice. Cette technique permet de réduire les frais de gestion, mais introduit un risque de contrepartie. En clair, vous dépendez de la solidité financière de l’établissement qui vous garantit la performance.
Appliquez la gestion passive à vos investissements
Maintenant que vous maîtrisez les fondements de la gestion passive, passons à sa mise en œuvre concrète. Je vais vous guider dans la construction de votre portefeuille. Vous verrez qu’avec de la méthode, cette construction est parfaitement accessible même aux débutants.
L’allocation d’actifs
Votre première décision, et sans doute la plus importante, concerne la répartition de votre capital entre les différentes classes d’actifs. Ne sous-estimez pas cette étape : elle déterminera largement vos performances futures.
La construction d’un portefeuille passif ne peut se faire sans ces allocations, avec 3 décisions à prendre.
- Allocation géographique : répartition entre marchés développés et émergents, avec une pondération adaptée aux objectifs et à la tolérance au risque. D’excellents ETF Emerging Markets existent notamment.
- Allocation sectorielle : choix entre une approche large avec des ETF « World » ou une approche plus ciblée par secteurs d’activité.
- Allocation par capitalisation : équilibre entre grandes, moyennes et petites capitalisations selon le profil de risque souhaité.
Attention à ne pas multiplier les paris sectoriels – cela irait à l’encontre de la philosophie de la gestion passive – ou encore à faire un équilibrage géographique selon vos convictions… sans prendre en compte la réalité du marché. Cette phase d’allocation d’actifs, pour les sommes les plus importantes à investir comme des montants plus modeste, nécessite selon moi un regard extérieur que peut vous apporter un conseiller en gestion de patrimoine.
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La sélection des meilleurs ETF
Une fois votre allocation définie, il faut choisir les bons véhicules pour la mettre en œuvre. La sélection de vos ETF (si c’est la voie que vous choisissez) doit répondre à des critères précis. Examinez d’abord les aspects techniques : les frais de gestion ne doivent pas plomber la performance pour les indices majeurs, l’encours doit être élevé pour limiter le risque, et le volume d’échange quotidien doit être significatif. Ces critères sont là pour assurer la pérennité et la liquidité de vos investissements.
➡️ L’architecture juridique est tout aussi importante. Je vous conseille vivement les ETF UCITS européens, qui offrent une excellente protection des investisseurs. Privilégiez également les ETF capitalisant plutôt que distribuant ; ils réinvestissent automatiquement les dividendes, optimisant ainsi l’effet de la capitalisation composée.
J’ai déjà rédigé plusieurs articles, régulièrement mis à jour, sur les meilleurs ETF.
Le déploiement méthodique
Une fois vos ETF sélectionnés, mettez en place un plan d’investissement régulier. L’investissement mensuel est selon moi la meilleure approche : il vous permet de lisser vos points d’entrée et renforce votre discipline d’investissement. Automatisez ces versements autant que possible, car c’est la meilleure façon de résister aux émotions qui peuvent perturber votre stratégie.
La gestion passive se traduit souvent par le choix de cet investissement programmé, appelé DCA (Dollar Cost Averaging). Cette technique consiste à investir régulièrement des montants fixes, lissant ainsi l’impact de la volatilité sur le prix moyen d’acquisition. C’est aussi j’en ai la conviction un moyen d’investir sans effort. En effet, même avec de petits montants (10, 50, 100 €) chaque mois, vous prenez date et vous commencez à investir. Cela ne va pas rapporter grand chose ? Voyez plus loin ! Même peu alimentée mais régulièrement, une assurance-vie ouverte est un excellent choix. Car après plusieurs années, vous bénéficierez d’un cadre fiscal avantageux pour les sommes qui s’y trouvent et la plus-value générée (je l’évoque ci-après).
➡️ Le rééquilibrage de votre portefeuille est une autre composante essentielle à bien prendre en compte durant votre période d’investissement. N’ajustez vos positions que si elles s’écartent significativement de leur pondération cible. Vous pouvez utiliser vos nouveaux versements pour ce rééquilibrage, c’est souvent plus efficace que de vendre et racheter. Suivez votre plan, tenez le cap en fonction de vos convictions et des conseils que vous recevez. Je le répète, c’est ici encore un temps pendant lequel un conseiller en gestion de patrimoine peut vous aider. C’est ce que je réalise avec mes équipes chez S’Investir, notamment au travers des vidéos postées sur Youtube ou encore de notre newsletter, qui apporte des éléments concrets.
L’optimisation fiscale, le levier de performance négligé
La fiscalité peut significativement impacter vos rendements. Utilisez intelligemment les différentes enveloppes à votre disposition.
Le Plan d’Épargne en Actions (PEA) est votre meilleur allié pour investir dans les ETF européens. Après 5 ans de détention, vous bénéficiez d’une fiscalité allégée : seuls les prélèvements sociaux de 17,2 % s’appliquent sur vos plus-values et dividendes. Les retraits partiels sont possibles sans clôturer le plan, vous permettant de profiter de cette fiscalité avantageuse tout en accédant à une partie de votre capital. Je vous guide pour trouver le meilleur PEA.
L’assurance-vie vous offre une flexibilité incomparable pour votre diversification mondiale. Vous pouvez y loger tous types d’ETF, y compris ceux répliquant des indices américains, émergents ou thématiques. La fiscalité devient particulièrement attractive après 8 ans : vos gains bénéficient d’un abattement annuel de 4 600 € (9 200 € pour un couple), et le taux d’imposition au-delà n’est que de 7,5 % (plus prélèvements sociaux). Consultez mon comparatif assurance-vie 2025.
Le compte-titres ordinaire accueille les ETF non éligibles aux autres enveloppes. Sa fiscalité est moins avantageuse : vos plus-values sont imposées au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 % (12,8 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux). Vous pouvez toutefois opter pour l’imposition au barème progressif si cela vous est plus favorable.
Pour optimiser la fiscalité de votre portefeuille passif, une bonne hiérarchisation est nécessaire. Il ne faut pas systématiquement commencer par remplir votre PEA et attendre d’avoir atteint le plafond pour passer à l’assurance-vie ! En effet, la fiscalité peut évoluer et elle ne doit pas être le seul critère de vos choix d’investissement. Une allocation cohérente avec vos objectifs et votre profil de risque se construit personnellement.
Conseil de Matthieu – La gestion passive oui, mais personnalisée
La gestion passive est une (r)évolution dans l’approche de l’investissement, transformant une activité traditionnellement complexe et chronophage en une stratégie accessible et efficiente à tous. Basée sur des fondements académiques solides et validée par des décennies de données empiriques, elle démontre qu’il devient possible d’obtenir des performances satisfaisantes en renonçant à la quête de surperformance.
Vous pouvez faire fructifier votre épargne mieux que des professionnels. Ce n’est pas de la provocation que de l’affirmer. Au contraire, avec une méthode rigoureuse qui privilégie la discipline, la diversification et la minimisation des coûts, vous pouvez développer votre patrimoine financier.
La gestion passive s’avère particulièrement efficace sur les marchés développés et liquides, mais peut montrer ses limites dans certains segments spécialisés où l’expertise humaine conserve sa valeur ajoutée. L’investisseur avisé saura adapter son approche en fonction de ses objectifs, de ses contraintes et de son environnement d’investissement. Le conseil reste important.
Pour ne pas avancer à tâtons, et avoir un éclairage clair, n’hésitez pas à contacter notre cabinet S’investir Conseil. Décryptage, orientations, nous pouvons vous aider et vous appuyer dans vos décisions, grâce à notre regard expert et indépendant !
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