L’assurance-vie est souvent désignée comme le placement préféré des Français. Outil d’épargne et d’investissement, l’assurance-vie s’adresse à tous les français : il n’y a pas de limite d’âge, vous pouvez même en ouvrir une à vos enfants dès leur naissance. Mais l’assurance-vie adorée des Français a aussi ses détracteurs, et on peut les comprendre, car mal gérée, mal choisie ou mal comprise, l’assurance-vie peut ne pas du tout être intéressante.
Alors pourquoi investir dans une assurance-vie ? Pourquoi personnellement je détiens 4 assurances-vie ? Dans quel cas il ne faut pas investir au sein d’une assurance-vie ? Et puis comment gérer son assurance-vie ? Quelle stratégie adopter, sur quoi investir ? Et comment moi, je gère, mes assurances-vie ?
Vous trouverez la version vidéo de cet article juste ici :
Pourquoi investir dans une assurance-vie ?
1. Ce qu’il faut comprendre avant toute chose
Avant de répondre à cette question, il faut absolument comprendre que bien choisir son contrat est primordial. Vous pouvez passer d’un contrat qui vous mange complètement votre épargne à un contrat qui vous rapporte de l’argent tous les ans. Un de mes proches qui avait un très mauvais contrat et à peu près 10 000€ investis dessus, a changé pour un bien meilleur contrat, et le simple fait d’avoir changer de contrat, lui a rapporté 2000€ en 10 ans.
Une assurance-vie est un contrat passé avec un assureur, et il existe de nombreux assureurs et donc de nombreux contrats d’assurance-vie. L’offre est très disparate, on peut trouver de très bonnes assurances-vie comme de très mauvaises.
2. Investir dans une assurance-vie pour son fonds euros
Pourquoi le fonds euros est-il toujours intéressant ?
La première raison d’ouvrir une assurance-vie est son fonds euros. Le fonds euros est un placement à capital garanti net de frais de gestion qui vous verse des intérêts tous les ans.
Son grand avantage est qu’il est (pour l’instant) bien plus performant qu’un Livret A (si vous choisissez bien votre contrat) et qu’il est lui aussi 100% sécurisé. En 2020, vous auriez pu toucher 3 à 4 fois plus d’intérêts sur un fonds euros plutôt qu’un Livret A ou un LDDS.
Cependant, les performances des fonds euros diminuent d’année en année. Si on regarde le schéma ci-dessous, en jaune on retrouve les performances du fonds euros d’Afer, un des plus anciens fonds euros et aussi un des plus solides. Depuis 2008, ses performances diminuent. En rouge, on retrouve le taux du Livret A et en bleu l’inflation, une mesure de l’augmentation des prix.
L’objectif d’un épargnant est d’au moins battre cette inflation, sinon une partie de vos efforts d’épargne (qui sert à reporter vos dépenses à plus tard) est complètement inutile puisque vous ne pourrez plus acheter plus tard ce que vous pouvez acheter aujourd’hui.
Le fonds euros d’Afer bat l’inflation, tandis que le Livret A lui ne remplit plus ce rôle depuis quelques années. Si on dézoome en regardant depuis le début d’Afer en 1977, son fonds euros a toujours battu l’inflation (sauf en 1980 où l’inflation battait des records).
Alors certes, les performances des fonds euros diminuent, mais le fonds euros d’une bonne assurance-vie reste le placement à capital garanti le plus rémunérateur. À mon sens, tant que ça l’est, il faut en profiter.
Ne faut-il pas préférer la Bourse au fonds euros ?
Certains diront qu’un fonds euros ne rapporte rien et qu’il vaut mieux investir en bourse. Mais ici, on parle de deux types de placement complètement différents.
D’un côté, le fonds euros est non risqué, donc évidemment les performances ne sont pas explosives. De l’autre côté, la bourse est un placement long-terme qui, je le rappelle, comporte des risques de pertes en capital, et qui n’est pas du tout adapté pour accueillir toutes nos économies.
Il faut se constituer de l’épargne de précaution (appelée aussi de sécurité), de l’argent « au cas où », en cas d’aléa financier, et de l’argent pour le court et moyen-terme. Pour cela, le fonds euros peut être pertinent, en complément de livrets bancaires.
L’argent sur fonds euros est-il disponible rapidement ?
Un autre avantage du fonds euros est que l’argent est disponible à tout moment*. Vous pouvez retirer une partie de votre argent en moins de 3 jours ouvrés pour les meilleurs contrats. Les contrats moins bon seront plus lents, donc, encore un fois, le choix de votre contrat est primordial.
*Point sur la loi Sapin II : L’État s’est octroyé le droit en 2016 à travers la loi Sapin 2 de bloquer, limiter ou reporter temporairement les retraits sur les contrats d’assurance vie pendant 3 mois, renouvelable une fois, en cas de situation « grave et caractérisée » menaçant le système financier. Vos fonds seraient alors beaucoup moins liquides que d’ordinaire.
Cependant, l’État n’a encore jamais utilisé ce droit. Il est important d’être conscient de ce point, et il peut être judicieux, pour son épargne garantie, de coupler livrets bancaires (plus pour le très court-terme) et fonds euros. Pour rappel, l’argent sur les livrets bancaires est tout le temps disponible très rapidement et à tout moment.
3. Investir dans une assurance-vie pour investir en bourse/immobilier
L’assurance-vie vous permet aussi d’investir sur des actifs risqués, en bourse avec des actions, des fonds classiques, ou des ETF, ou bien aussi en immobilier via des SCPI notamment.
Pour vos investissements, l’assurance-vie vous permet de les rendre 100% automatiques : vous n’aurez pas d’ordre de bourse à passer contrairement au compte-titres ou au PEA. C’est l’assureur qui le fera pour vous, assureur que vous rémunérez à travers les frais de gestion (dont on parlera plus bas). Vous pouvez donc établir une stratégie, tel pourcentage sur tel placement, mettre en place un virement automatique mensuel par exemple, et vous n’aurez plus rien à faire.
4. L’avantage fiscal de l’assurance-vie
Du point de vue fiscal, l’assurance-vie a un avantage. Au bout de 8 années de détention d’un contrat, si vous retirez par an moins de 4600€ de gains générés (pour une personne seule, 9200€pour un couple), vous n’aurez pas d’impôt sur le revenu à payer (mais toujours les prélèvements sociaux). Cet avantage peut être attractif pour vos investissements, face au compte-titres par exemple.
De plus, l’assurance-vie est une enveloppe capitalisante : vous ne payez pas d’impôt tant que vous ne retirez pas d’argent de votre assurance-vie, contrairement au compte-titres où vous devez payer des impôts tous les ans sur les dividendes perçus et les titres vendus, même si vous ne retirez pas d’argent de votre compte-titres. Vous êtes donc libre d’arbitrer comme vous voulez au sein de votre assurance-vie, tout en échappant à l’imposition.
L’assurance-vie est aussi fiscalement avantageuse en cas de transmission de patrimoine : les héritiers n’auront que peu voir pas de droits de succession à payer. De plus, pour le choix des bénéficiaires, vous pouvez décider librement des héritiers de votre assurance-vie. Ils peuvent tout à fait ne pas être des membres de votre famille.
Enfin, l’assurance-vie n’a pas de limite d’âge. Il est possible d’épargner pour ses enfants dans une assurance-vie dès leur naissance, contrairement au PEA où il faut être majeur pour en détenir un.
Pourquoi ne pas investir en assurance-vie ?
Il y a aussi des raisons de ne pas opter pour l’assurance-vie.
La première raison est les frais : frais d’entrée, frais de gestion, frais d’arbitrage, frais d’adhésion, frais de sortie : les assureurs (et les gestionnaires en règle général) sont des professionnels pour inventer des frais de toute sorte.
Ces frais viennent évidemment dégrader la performance de vos placements. Sur le long terme ça peut vous coûter très cher. La meilleure manière de chasser ces frais est de bien choisir son assurance-vie, en optant éventuellement pour un contrat chez des courtiers en ligne, qui sont bien souvent parmi les plus compétitifs notamment en ne facturant pas de frais d’entrée, de sortie, d’arbitrage, d’adhésion, etc. Vous aurez juste toujours des frais de gestion, tournant autour de 0.6 à 0.7% par an.
Sur 20 ans, pour 10 000€ investis et une performance annualisée attendue de 10%, 0,5% de frais sur une assurance-vie représente un manque à gagner de près de 7 000€. Pour 1% de frais, le manque à gagner est d’un peu plus de 12 000€. Sur 40 ans, la différence est encore plus importante :
Sur 40 ans, le manque à gagner est d’un peu plus de 80 000€ pour 0,5% de frais, et de 150 000€ pour 1% de frais.
On comprends facilement l’importance de chasser au maximum ses frais, de chasser aussi les fonds proposés par votre banquier. On comprends aussi pourquoi le PEA ou le compte-titres, par une gestion libre en réduisant au maximum ses frais, notamment avec des ETF, peut être une très bonne option pour ses investissements en bourse.
Outre les frais, la deuxième raison est le choix des investissements. Au sein de votre assurance-vie, vous ne trouverez pas tous les investissements possibles sur un compte-titres par exemple. Par contre, si vous sélectionnez bien votre contrat, et que vous souhaitez investir sur des ETF, vous pouvez trouver de très bons contrats avec un large choix d’ETF.
Pourquoi ouvrir plusieurs assurances-vie ?
Les contrats peuvent évoluer. Il est possible de se retrouver avec un contrat qui était très bon auparavant, moins bon plus tard car il s’est dégradé au fur et à mesure des années. Son fonds euros peut par exemple devenir moins compétitif, ou ses frais peuvent augmenter.
Ainsi, en détenant plusieurs contrats maintenant, vous enclenchez l’horloge fiscale des 8 années de détention pour vos contrats, et vous pourrez plus tard vous concentrer sur le contrat le plus compétitif.
L’autre raison est que dans une assurance-vie, vous n’êtes pas propriétaires des fonds que vous détenez, mais c’est l’assureur qui a une créance envers vous. En cas de faillite de l’assureur, il existe un fonds de garantie qui couvre chaque épargnant à hauteur de 70 000€ par personne et par assureur.
Si vous investissez moins de 70 000€ sur Assurance-vie, vous êtes couvert. Mais si vous investissez plus de 70 000 euros, il peut être judicieux de détenir plusieurs contrats avec des assureurs différents.
Sachez que vous pouvez détenir autant de contrats d’assurance-vie que vous le souhaitez et il est donc judicieux d’en détenir plusieurs. À titre personnel, j’en détiens quatre, de trois assureurs différents : Arkea Suravenir, Afer et Generali.
Quelle stratégie adoptée ? Comment bien gérer son assurance-vie ?
Pour la gestion de votre assurance-vie, il existe deux principaux modes de gestion :
- La gestion libre, où c’est vous qui décidez quoi acheter et quand acheter. Vous gérez tout seul vos placements.
- La gestion pilotée, où vous confiez votre argent à un gestionnaire qui va tout gérer pour vous, moyennant des frais de gestion en plus.
Ce surplus de frais de gestion peut représenter des sommes très importantes sur le long-terme (nous en avons déjà parlé). 2% de frais peut sembler dérisoire a priori, mais sur plusieurs années, cela peut vite représenter un énorme manque à gagner. Il y a d’ailleurs un grand débat sur les gestionnaires : apportent-ils vraiment une valeur ajoutée qui justifieraient ces frais ? J’analysais cela dans cette vidéo, où j’expliquais comment faire mieux que 94% des gestionnaires.
Si on rajoute la courbe pour 2% de frais, sur 40 ans, le manque à gagner est de 250 000€.
Évidemment, le mieux pour gérer votre assurance-vie est une gestion libre, où vous prenez les meilleures décisions pour votre épargne, sans surplus de frais. Aujourd’hui, tout le monde peut apprendre à bien gérer ses investissements.
Pour la gestion libre, l’assurance-vie vous permettra de mélanger actifs non risqués avec le fonds euros, et actifs risqués : actions, obligations, immobilier papier, etc.
Néanmoins, si rééquilibrage, allocation d’actifs, sécurisation progressive, diversification ne vous parlent pas, ou que vous ne souhaitez pas apprendre à bien gérer vos finances et à bien maîtriser vos émotions vis-à-vis de votre argent, alors une gestion pilotée peut tout à fait être pertinente.
Dans ce cas, il peut être judicieux de regarder ce qu’il se fait du côté des assurances-vie pilotées par des robo-advisor, comme Nalo, Yomoni ou Wesave. Ils pourront gérer votre épargne à travers une des stratégies qui a fait ses preuves : la gestion passive via des ETF. Vous paierez autour de 1.6% de frais par an, ce qui reste faible pour une gestion pilotée.
Dans quoi investir dans une assurance-vie ?
En commentaire YouTube, on me demande souvent dans quoi investir dans son assurance-vie. Malheureusement, je n’ai pas de réponse générale à apporter. Je vais vous dire comment moi je procède, comment je gère mon assurance-vie, dans quoi j’investis. Mais ce n’est pas un conseil d’investissement.
Pour vous, tout dépend de vous. Il faudra faire un travail en amont, pour déterminer votre profil d’investisseur, votre aversion au risque, votre allocation d’actifs. Il faut aussi se demander dans quoi vous investissez actuellement. Un PEA ? Un compte-titres ? Vous avez déjà des actions ? Avez-vous de l’immobilier ? Ou allez-vous investir dans l’immobilier bientôt ? Quel âge avez-vous ? La fiscalité de l’assurance-vie est-elle intéressante pour vous ? Il y a plein de paramètres à étudier.
Comment je gère mes assurances-vie ?
Tout d’abord, j’ai quatre assurances-vie, chacune ayant une utilité précise.
Le premier contrat que je détiens est l’assurance-vie AFER. C’est un très bon contrat, un des plus anciens, et pour moi c’est un des fonds euros les plus solides du marché. Je m’en sers donc principalement pour son fonds euros. C’est un contrat où il est possible de verser 100% sur fonds euros. Car oui, de plus en plus de contrats vous imposeront sur chaque versement d’investir au moins 30% en actifs risqués comme en bourse.
Le deuxième est le contrat Boursorama vie. Boursorama est ma banque principale (elle fait partie pour moi des meilleures banques) ainsi que mon courtier PEA. Il est très simple pour moi de gérer ce contrat d’assurance-vie, car se trouvant au sein de la même plateforme que ma banque et mon PEA.
Boursorama Vie est aussi un très bon contrat, avec la possibilité de verser 100% en fonds euros, de bons ETF en unités de compte disponibles, et un retrait prenant 72 heures au maximum. Je m’en sers également pour son fonds euros et pour éventuellement faire des arbitrages en cas de fortes chutes de marchés boursiers, comme je vous l’expliquais dans cette vidéo. J’ai aussi pu profiter d’une prime de parrainage à l’ouverture, c’est toujours bon à prendre.
Le troisième contrat est Linxea Avenir. C’est certainement un des meilleurs contrats du marché actuellement. En 2020, son fonds euros Opportunités m’a rapporté 2% de performance. Ce fonds euros impose tout de même le versement d’au moins 50% en unités de compte. Il y a aussi de très bons ETF disponibles (la liste est ici). Je m’en sers aussi pour son fonds euros que je dynamise aussi avec des ETF obligataires, essentiellement des obligations d’États.
Le quatrième contrat est un contrat chez Nalo, un robo-advisor. Ici, c’est plus à but expérimental pour pouvoir mieux vous en parler sur S’investir. Je ne l’aurais pas sinon, car je préfère la gestion libre à moindre frais. J’en suis tout de même très content. Nalo fait vraiment de bonnes choses.
Conclusion pour votre assurance-vie
Vous l’aurez donc compris, l’assurance-vie peut être très intéressante pour son fonds euros, pour garder du cash, pour de l’épargne garantie en cas d’aléas financiers et pour les projets court/moyen-terme.
Pour l’investissement en bourse long-terme, il peut être préférable d’opter pour le PEA où il n’y a pas de frais de gestion contrairement à l’assurance-vie, et où il y a maintenant de très bons ETF éligibles.
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