Pour savoir à quoi sert votre monnaie, vous pouvez lire le rapport financier de votre banque. Cependant, le jargon économique peut parfois être décourageant. Dans les faits, il y a très peu de traçabilité. De plus, les institutions ne sont pas obligées de vous révéler ce qu’elles font avec votre argent. Même si pour les produits d’investissement (OPC, unités de compte, produits d’assurance-vie), un document d’informations clés (DIC/PRIIPs) doit être remis avant la souscription (risques, coûts, scénarios, etc.). Ces dernières ont besoin de nos ressources pour constituer leurs richesses. Les dépôts des clients sont d’ailleurs leur principale source de financement. 👛
Alors, que fait la banque avec mon argent ? 💸 C’est la question que beaucoup de Français se posent. Êtes-vous conscient que vos ressources ne dorment pas tranquillement dans un coffre ? Les institutions financières ont besoin de nos dépôts pour faire fonctionner leurs services. Mais que font-elles exactement avec ? Dans cet article, nous allons répondre à toutes vos questions pour que l’exploitation de vos économies par les banques n’ait plus de secrets pour vous.
Comment la banque tire-t-elle profit de l’argent de mes prêts ?
L’une des fonctions de ces institutions financières est de prêter de l’argent. Grâce à vos ressources, elles peuvent proposer des emprunts à leurs clients.
Elles peuvent faire crédit à :
- D’autres consommateurs. Cela peut être votre voisin qui a besoin d’une créance pour construire sa maison.
- À des PME (petites et moyennes entreprises de moins de 500 salariés).
- Aux collectivités (les villes, les départements, les régions).
- Aux États via l’achat d’obligations (pour aider à financer les dépenses publiques, par exemple).
- À d’autres établissements bancaires.
C’est grâce aux taux d’intérêt de nos prêts qu’elles vont engranger la majorité de leur profit. Dans le même principe, il y a aussi vos frais bancaires qui constituent des sources de revenus pour les banques. Tous ces éléments vont composer le budget de l’enseigne qui héberge vos recettes.
➡️ Grâce à notre argent, les banques vont réaliser des opérations pécuniaires qui vont générer des bénéfices pour elles. Elle peut, par exemple, investir votre capital sur des marchés monétaires et acheter :
- des actions ;
- des obligations ;
- ou d’autres produits financiers.
Où va l’argent de mon Livret A et de mon LDDS ?
Le livret A et le livret de développement durable sont administrés de la même manière. Ces deux livrets réglementés ne sont pas directement transmis à votre institution financière. L’argent est piloté par la Caisse des dépôts et consignations (c’est la banque publique) 🏦. Cette dernière gère les paiements et, en échange, elle fournit une commission aux banques.
Une partie de l’épargne dédiée à l’intérêt général
La moitié environ sert à financer les logements sociaux, les projets d’accroissement urbain, de rénovation énergétique ou les politiques gouvernementales. En pratique, la Caisse prête cet argent à des organismes tels que l’OPAC (office public d’aménagement et de construction), l’OPH (office public de l’habitat) ou encore l’ESH (entreprise sociale pour l’habitat).
Une autre partie placée sur les marchés financiers
L’autre partie est placée sur des marchés financiers. Cela est plus rentable et cela permet de rentrer dans ses frais. Pour cela, elle possède des actions ou des obligations. Il est difficile de savoir dans quelles sociétés va votre richesse.
Une partie de l’argent déposé sur les Livrets A et LDDS est centralisée par la Caisse des Dépôts, qui la place principalement dans des projets d’intérêt général (logement social, hôpitaux, infrastructures, etc.). Parallèlement, la Caisse des Dépôts — via ses filiales comme Bpifrance — investit également dans des entreprises françaises, parfois du CAC 40, telles que Engie, Veolia, Stellantis ou Saint-Gobain. Ces investissements ne sont pas directement liés aux fonds d’épargne des particuliers : ils relèvent de la stratégie d’investissement globale de la CDC.
En revanche, il est vrai que certaines entreprises soutenues par ces investissements peuvent avoir un impact environnemental négatif. Autrement dit, placer votre épargne sur un livret de développement durable ne garantit pas que l’ensemble des fonds financent exclusivement des projets écologiques. Par exemple, Saint-Gobain possède des carrières de gypse dont l’exploitation peut avoir des conséquences sur l’environnement et la biodiversité.
Ainsi, une partie de votre argent peut indirectement contribuer au financement d’entreprises dont les activités ne sont pas toujours en phase avec les objectifs écologiques affichés.
Exemple concret de répartition de votre épargne
Voici un modèle de la gestion de ces livrets que vous pouvez retrouver dans l’émission Sur le front qui est consacrée à ce sujet. Ainsi, avec 100 euros :
- 40 euros investis par notre banque dont :
- 4 pour le développement durable ;
- 2 euros dans l’économie sociale ;
- 2 euros dans la finance ;
- 32 euros dans les PME (cela peut être des PME variées).
- 60 euros par la Caisse des dépôts
- 3 euros aux hôpitaux, crèches ou service public ;
- 26 euros logement social ;
- 3 euros en actions ;
- 28 euros dans des obligations (dettes françaises ou investissement dans des entreprises, il est difficile de savoir dans quel établissement ils s’engagent).
Comment utilise-t-elle les ressources de mon assurance vie ?
Lorsque vous souscrivez à une assurance vie, votre argent est bloqué pendant une période de 8 ans minimum. Votre monnaie peut être utilisée pour investir dans des obligations d’État, de banque ou d’entreprises. L’assurance vie est très populaire auprès des Français. Selon le documentaire Sur le front, un Français sur deux en possède une.
Dans cette branche également, vos ressources vont être placées. Je vous propose de vous approprier l’exemple du label ISR (investissement socialement responsable). C’est un label public français attribué par le ministère de l’Économie qui prend en compte la dimension sociale, mais aussi environnementale. Ce label n’est pas géré par une seule entreprise : plusieurs sociétés de gestion, comme Amundi, BNP Paribas AM ou AXA IM, peuvent proposer des fonds labellisés ISR.
Cependant, pendant plusieurs années, certains fonds labellisés ISR ont tout de même investi dans des entreprises liées aux énergies fossiles comme :
- Cheniere Energy : Société pétrolière et gazière ;
- Chevron : Société pétrolière et gazière ;
- Exxon Mobil : Pétrolier américain ;
- Total Énergies.
Cela remettait en question la crédibilité du label. Contrairement aux promesses faites avec ce label, l’aspect écologique n’était pas respecté. Néanmoins dès la fin 2023, le gouvernement a durci le label en excluant les développeurs de nouveaux projets fossiles et en renforçant certains critères. De ce fait, beaucoup d’assurances vie l’ont abandonné, mais souvent sans en informer leurs clients.
Voici un deuxième exemple, celui du fonds euro. Ce dernier est utilisé comme assurance vie. Cependant, malgré son nom, il ne subventionne pas exclusivement des affaires européennes. L’investissement peut se faire sur :
- l’immobilier ;
- des actions dans des entreprises du monde entier ;
- des obligations d’État.
Ce fonds va financer des établissements non polluants, mais aussi polluants (comme des sociétés pétrolières). Là encore, nous ne pouvons pas savoir exactement quelles industries sont concernées.
En plaçant votre argent dans des institutions financières, il est difficile de savoir exactement à quoi vont servir vos ressources. Vous êtes face à un système opaque. Votre banque n’a d’ailleurs pas d’intérêt à vous avertir, sinon vous ne déposerez peut-être pas votre argent chez eux. Grâce à cet article, vous avez découvert que tout n’est pas tout rose. Sans que l’on vous en informe, vos richesses peuvent financer des multinationales polluantes, des obligations d’État, des projets de développement urbain, etc. Vous n’avez pas la mainmise sur la manière dont est géré votre argent. Si vous voulez reprendre la main sur votre trésorerie, je vous invite à suivre ma formation offerte en Bourse.
