Les ETF sur l’Afrique suscitent l’intérêt de certains investisseurs qui souhaitent diversifier leur portefeuille et suivre l’évolution des indices boursiers africains. Dans les lignes qui suivent, je vais vous présenter les principaux indices de référence ainsi qu’une sélection des meilleurs ETF Afrique disponibles pour investir sur le marché africain, avec un regard sur leur performance, leurs frais et leur place possible dans une stratégie à long terme.
Quels sont les indices pour investir sur l’Afrique ?
Pour investir sur le marché africain, il existe deux grands indices de référence. Ils permettent de suivre l’évolution des principales entreprises cotées du continent et servent souvent de base aux ETF Afrique. Je vous propose un rapide tour d’horizon de ces indices, en commençant par le plus représentatif : le MSCI EFM Africa Top 50 Capped Index.
MSCI EFM Africa Top 50 Capped Index
Composition de l’indice
Le Top 10 des valeurs pèse près de 60 % de l’indice, ce qui traduit une forte concentration autour de quelques grandes capitalisations africaines :
- Safaricom (Kenya, 9,7 %) — acteur dominant des télécoms en Afrique de l’Est, incontournable grâce à M-Pesa (paiement mobile).
- Attijariwafa Bank (Maroc, 9,1 %) et Commercial International Bank (Égypte, 8,8 %) — deux poids lourds bancaires, reflétant le rôle central du secteur financier dans le développement du continent.
- Naspers (Afrique du Sud, 6,8 %) — conglomérat sud-africain très exposé au numérique et à l’investissement technologique.
- Maroc Telecom (Maroc, 4,6 %) — acteur clé des télécoms en Afrique francophone.
- Gold Fields (Afrique du Sud, 3,9 %) et LafargeHolcim Maroc (3,9 %) — deux groupes illustrant la dépendance aux matières premières et à la construction.
👉 Cette composition montre que l’indice est dominé par 3 grands piliers : banques, télécoms et ressources naturelles. On est donc loin d’une diversification équilibrée à l’américaine ou à l’européenne : l’indice reflète la structure économique du continent, encore très dépendante des secteurs financiers et extractifs, avec une montée en puissance des télécoms et du numérique.
Diversification géographique
La répartition de l’indice montre une domination très nette de l’Afrique du Sud (40,2 %) et du Maroc (37,1 %). À eux deux, ces pays pèsent près de 77 % de l’indice, laissant peu de place à l’Égypte (13 %) et au Kenya (9,7 %).
👉 Cela reflète deux réalités :
- Afrique du Sud : c’est de loin le marché financier le plus développé du continent, avec la bourse de Johannesburg (JSE) qui concentre les grandes capitalisations africaines, notamment dans les télécoms, les mines et la finance.
- Maroc : la place de Casablanca joue un rôle majeur en Afrique du Nord et bénéficie d’institutions financières solides et de groupes industriels bien établis.
Cette concentration implique une surexposition à ces deux économies. Autrement dit, bien que l’indice soit « africain » dans son intitulé, il est en pratique très dépendant de la santé économique et politique de l’Afrique du Sud et du Maroc. Les investisseurs doivent donc garder en tête que la diversification est plus régionale que véritablement continentale.
Diversification sectorielle
La répartition sectorielle confirme ce qui ressort déjà des principales positions de l’indice : un poids très marqué du secteur financier (33,5 %), suivi par les services de communication (16,9 %) et les matériaux (16,2 %).
👉 Concrètement, cela veut dire que l’indice reste dominé par trois grands piliers : les banques, les télécoms et les ressources naturelles. Ces secteurs traduisent à la fois le rôle central des institutions financières dans le financement des économies, la montée en puissance du numérique et la dépendance structurelle aux matières premières.
Les autres segments (industrie, immobilier, santé, consommation de base) pèsent beaucoup moins, ce qui montre que la diversification sectorielle est encore limitée. En d’autres termes, l’indice reflète assez fidèlement la structure économique africaine actuelle, mais sans offrir une répartition équilibrée entre secteurs.
Performance
Sur le plan de la performance, l’indice africain montre une trajectoire nettement plus heurtée que celle des marchés émergents globaux. Comme on le voit sur la comparaison ci-dessous, un ETF suivant le MSCI Africa (en bleu) affiche une progression d’environ +42 % depuis son lancement, contre près de +95 % pour un ETF MSCI Emerging Markets (en jaune).
👉 Deux constats s’imposent :
- La volatilité est beaucoup plus marquée sur l’indice africain, avec des phases de baisse prolongées (notamment entre 2015 et 2020).
- Sur le long terme, la performance relative reste décevante par rapport à une exposition plus large aux marchés émergents, qui offrent une diversification géographique et sectorielle bien plus solide.
L’indice africain capte certaines dynamiques locales intéressantes (banques, télécoms, matières premières), mais au prix d’une volatilité forte et d’un rendement inférieur. Cela illustre bien que si l’Afrique attire par son potentiel, un investissement via un ETF Afrique reste plus risqué et moins robuste qu’un ETF Emerging Markets classique.
Conseil de Matthieu
SGI Pan Africa
Composition de l’indice
Le Top 10 des valeurs représente une part importante de l’indice, avec une forte présence de groupes liés aux matières premières et au secteur financier. On y retrouve par exemple :
- First Quantum Minerals (9,9 %) ;
- Naspers (9,2 %) ;
- Attijariwafa Bank (8,6 %) ;
- Gold Fields (5,8 %) ;
- ou encore la Commercial International Bank Egypt (5,6 %).
Cette composition met en avant deux moteurs principaux : les ressources naturelles (mines, matériaux, énergie) et la finance, accompagnés de quelques acteurs de la consommation et des télécoms. Cela traduit une dépendance élevée aux cycles des matières premières, avec des relais de croissance plus limités dans les services.
Diversification géographique
La répartition par pays montre également une concentration marquée. Trois pays dominent largement :
- Afrique du Sud (33,3 %) ;
- Canada (23,8 %) ;
- Maroc (22,2 %).
Viennent ensuite le Royaume-Uni (8,1 %), l’Égypte (6,8 %) et l’Australie (5,7 %).
👉 On constate donc que l’indice, bien que présenté comme « Panafricain », intègre aussi des sociétés minières cotées hors du continent (Canada, UK, Australie), mais opérant massivement en Afrique. Résultat : une exposition mixte entre économies africaines locales et groupes internationaux tournés vers l’extraction africaine.
Diversification sectorielle
La pondération sectorielle confirme ce biais : près de 48 % de l’indice est consacré aux matériaux, devant la finance (26,6 %), la consommation cyclique (9,2 %) et les télécoms (8,5 %).
Les autres secteurs (industrie, énergie, immobilier, santé) restent marginaux. Autrement dit, cet indice donne une vision très minière et bancaire de l’Afrique cotée, ce qui reflète bien la réalité économique, mais limite fortement la diversification.
Performance
En matière de performance, le SGI Pan Africa (courbe jaune) affiche une progression de +81 % sur longue période, ce qui le place entre l’indice MSCI Emerging Markets (+95 %, en turquoise) et l’indice MSCI Africa Top 50 Capped (+42 %, en bleu).
👉 Concrètement, cela veut dire que :
- Le Pan Africa a mieux résisté que le Top 50, grâce à une exposition plus diversifiée (incluant des sociétés minières internationales opérant en Afrique).
- Mais il reste en retrait face à une exposition plus large et diversifiée via le MSCI Emerging Markets, qui a surperformé sur le long terme.
- Comme pour le Top 50, la volatilité reste forte, avec des phases de hausse marquées, mais aussi de longues périodes de sous-performance.
En résumé, le Pan Africa se situe dans une position intermédiaire : plus robuste que l’indice Africa pur, mais moins performant et moins équilibré qu’un grand indice émergent global.
Il existe également un indice dédié uniquement à l’Afrique du Sud, le MSCI South Africa Index. Cependant, il ne constitue pas un véritable indice « africain » puisqu’il se limite à une seule économie. Or, l’Afrique du Sud pèse déjà plus de 40 % dans le MSCI Pan Africa : présenter un indice séparé reviendrait donc à dupliquer cette exposition, sans diversification géographique. À noter toutefois que cet indice mono-pays a historiquement affiché de meilleures performances que les indices africains plus larges, ce qui confirme le poids particulier de la Bourse sud-africaine. C’est pourquoi je ne le développerai pas davantage ici, en me concentrant plutôt sur le MSCI EFM Africa Top 50 Capped et le SGI Pan Africa, plus représentatif de l’ensemble du continent.
Conseil de Matthieu
Quels sont les meilleurs ETF Afrique ?
1. Xtrackers MSCI EFM Africa Top 50 Capped Swap UCITS ETF 1C
Le Xtrackers MSCI EFM Africa Top 50 Capped Swap UCITS ETF 1C est l’unique ETF permettant de répliquer l’indice MSCI Emerging and Frontier Africa Top 50 Capped. Cet ETF offre une exposition aux 50 plus grandes entreprises africaines issues des marchés émergents et frontières, avec une pondération limitée par pays et par société.
Élément | Données |
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Nom | Xtrackers MSCI EFM Africa Top 50 Capped Swap UCITS ETF 1C |
ISIN | LU0592217524 |
Indice de référence | MSCI Emerging and Frontier (EFM) Africa Top 50 Capped |
Date de création | 9 mai 2011 |
Frais de gestion | 0,65 % par an |
Taille du fonds | ~48 millions € |
Réplication | Synthétique |
Politique de distribution | Capitalisant |
Prix de la part | 8,56 € |
Éligibilité PEA | ❌ Non |
* Les données de ce tableau sont susceptibles d’évoluer avec le temps.
Amundi Pan Africa UCITS ETF Acc
Le Amundi Pan Africa UCITS ETF Acc vise à reproduire la performance de l’indice SGI Pan Africa, qui regroupe 30 grandes valeurs cotées en Afrique ou fortement impliquées dans des actifs africains. Cet ETF est proposé en version capitalisante, avec une réplication synthétique par swap.
Élément | Données |
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Nom | Amundi Pan Africa UCITS ETF Acc |
ISIN | LU1287022708 |
Indice de référence | SGI Pan Africa |
Date de création/lancement | 12 septembre 2008 |
Frais de gestion | 0,85 % p.a. |
Taille du fonds | ~ 49 M € |
Méthode de réplication | Synthétique |
Politique de distribution | Capitalisation |
Prix de la part | 13,35 € |
Éligibilité PEA | ❌ Non |
* Les données de ce tableau sont susceptibles d’évoluer avec le temps.
En bref, l’Afrique suscite de l’intérêt et les ETF Afrique offrent un moyen d’y accéder simplement via les marchés financiers. Mais comme nous l’avons vu à travers les indices et les ETF disponibles, l’exposition reste très concentrée, tant sur quelques pays (Afrique du Sud, Maroc, Égypte) que sur quelques secteurs (finance, matières premières, télécoms). Résultat : la diversification est limitée et la volatilité importante. C’est pourquoi, si votre objectif est d’obtenir une diversification géographique et sectorielle solide, il est souvent préférable de privilégier un ETF MSCI Emerging Markets, qui inclut déjà une partie de l’Afrique tout en offrant une exposition beaucoup plus équilibrée.
👉 Si vous souhaitez malgré tout investir directement sur le continent africain, vous pouvez le faire via les deux principaux ETF présentés (le Xtrackers MSCI Africa Top 50 et l’Amundi Pan Africa). L’essentiel est de ne pas y consacrer une trop grande part de votre portefeuille, et de compenser par d’autres ETF plus diversifiés. Cela permet de profiter d’un éventuel potentiel de croissance, tout en limitant les risques liés à la concentration. Enfin, si vous voulez apprendre à vous constituer un portefeuille diversifié, équilibré et performant sur le long terme, je vous invite à suivre ma formation offerte en Bourse.