Parmi les différentes formes d’investissement accessibles aux particuliers, les FPCI (Fonds Professionnel de Capital Investissement) ne comptent pas parmi les plus populaires. Vous ne connaissez probablement pas ou peu cette solution de placement de la famille du Private Equity. Pourtant, c’est un segment très puissant.
Je vous propose une définition des FPCI et une présentation complète de ce véhicule d’investissement réservé aux investisseurs avertis, avec un ticket d’entrée minimal de 100 000 €.
Qu’est-ce qu’un FPCI ?
Le Fonds Professionnel de Capital Investissement (FPCI) est un véhicule de placement collectif conçu pour investir dans des entreprises non cotées. Les FPCI étaient anciennement dénommés « FCPR à procédure allégée » (jusqu’en 2014).
Sa caractéristique fondamentale réside dans sa composition : au moins 50 % de son actif doit être constitué de titres non admis à la négociation sur un marché réglementé, qu’il s’agisse de valeurs mobilières françaises ou étrangères, ou de parts de sociétés à responsabilité limitée. En clair, des parts d’entreprises qui ne sont pas cotées en Bourse 📈. Pour la fraction restante, le FPCI dispose d’une latitude d’investissement considérable, pouvant inclure d’autres classes d’actifs telles que l’immobilier 🏘️ via des SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier) ou des OPCI (Organismes de Placement Collectif Immobilier).
Les FPCI sont exclusivement destinés à un public averti. C’est-à-dire ? Il faut faire partie des investisseurs professionnels au sens de l’article L533-16 du Code monétaire et financier, ou être un particulier investissant un minimum de 100 000 € (parfois 30 000 € dans certains cas spécifiques pour les personnes disposant de connaissances financières appropriées). Voilà une sacrée barrière à l’entrée.
Le fonctionnement d’un FPCI
Le FPCI peut prendre 2 formes juridiques distinctes :
- Une structure de Fonds Commun de Placement (FCP), sans personnalité morale, où les investisseurs deviennent copropriétaires des titres en portefeuille.
- Une Société d’Investissement à Capital Variable (SICAV), également appelée « société de capital investissement », où les investisseurs acquièrent le statut d’actionnaires.
La création d’un FPCI ne requiert qu’une simple déclaration auprès de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), contrairement aux FCPR classiques (voir ci-après) qui nécessitent un agrément complet. Cette souplesse réglementaire est, vous le comprenez, un avantage clair pour la gestion du fonds et l’optimisation de sa performance 🚀.
Le cycle de vie d’un FPCI se décompose généralement en 4 phases distinctes :
- La phase de souscription : période durant laquelle le fonds collecte des capitaux 💶 auprès des investisseurs.
- La phase d’investissement : étape où la société de gestion déploie les capitaux pour acquérir des participations dans les entreprises cibles 🎯.
- La phase de pré-liquidation : moment où les premières cessions de participations s’amorcent.
- La phase de liquidation et de remboursement : stade final où l’intégralité des titres est cédée et les investisseurs récupèrent leur capital ainsi que les éventuelles plus-values.
Toutes ces phases n’ont pas la même durée. La période de souscription peut durer de 1 à 3 ans, la période d’investissement, elle, est logiquement plus longue, de 3 à 6 ans voire plus. La pré-liquidation peut durer de 1 à 2 ans, et la phase de liquidation, elle, est souvent réduite à une seule année.
Conseil de Matthieu – L’horizon de placement des FPCI
Une particularité notable des FPCI réside dans leur pratique d’appels de fonds échelonnés. Concrètement, l’investisseur s’engage sur un montant global mais ne verse les capitaux qu’au fur et à mesure des besoins d’investissement du fonds, conservant ainsi sa trésorerie jusqu’aux appels effectifs.
Sachez enfin que la durée de vie d’un FPCI s’étend généralement sur une période de 7 à 10 ans, pouvant être prorogée selon les dispositions prévues dans son règlement. Cette temporalité longue s’explique par la nature même des investissements en capital non coté, qui nécessitent un horizon d’investissement prolongé pour matérialiser leur potentiel de valorisation. Comme toutes les investissements en Private Equity d’ailleurs.
FPCI vs FCPR, est-ce qu’il y a match ?
Si vous avez quelques notions en lien avec les FPCI, vous connaissez aussi probablement les FCPR (Fonds Communs de Placement à Risque). Et puisque les FPCI étaient auparavant désignés comme des FCPR à procédure allégée, la confusion est facile à réaliser.
Bien que relevant tous les 2 de la catégorie des fonds de capital investissement, les FPCI et les FCPR présentent des divergences claires.
La distinction fondamentale entre ces 2 instruments réside dans leur cadre réglementaire 👩⚖️.
Le FCPR est agréé par l’AMF et ouvert au grand public, tandis que le FPCI s’affranchit de cet agrément et se destine exclusivement aux investisseurs professionnels ou avertis comme nous venons de le voir.
Cette différence de régulation confère aux FPCI une liberté de gestion supérieure. Ils ne sont pas soumis à des ratios de division des risques aussi stricts que les FCPR, permettant ainsi une concentration des investissements potentiellement plus forte. Cette flexibilité constitue un levier majeur pour optimiser la performance, mais s’accompagne d’un niveau de risque plus élevé.
En termes de stratégies d’investissement, les FPCI, comme les FCPR, peuvent intervenir à différents stades de développement des entreprises :
- Capital risque : financement de sociétés en création ;
- Capital développement : accompagnement d’entreprises en forte croissance ;
- Capital transmission : acquisition de sociétés matures et rentables ;
- Capital retournement : restructuration d’entreprises en difficulté.
Il n’y a pas que les FPCI dans la vie ! Il existe aussi les FCPI (Fonds Commun de Placement dans l’Innovation). Investissez dans les FCPI si vous cherchez à soutenir l’innovation des entreprises et certains secteurs particuliers tout en réduisant votre impôt sur le revenu. Prévoyez un blocage de 5-10 ans minimum pour ces fonds qui ciblent des PME innovantes (70 % des fonds placés) de moins de 10 ans. Gardez à l’esprit que le rendement historique modeste est compensé par l’avantage fiscal, mais que le risque reste élevé car vous misez sur des startups en développement.
Conseil de Matthieu – FPCI ou FCPI ?
La performance à attendre des FPCI
Les FPCI affichent historiquement des performances significativement supérieures aux classes d’actifs traditionnelles. Selon France Invest, le taux de rendement annuel moyen des fonds de capital investissement entre 2007 et 2021 s’établissait à 12,2 %.
Cette surperformance s’explique principalement par plusieurs facteurs :
- l’accès à un univers d’investissement plus large et moins efficient que les marchés cotés ;
- la capacité à créer de la valeur par une implication directe dans la stratégie des entreprises ;
- l’alignement d’intérêts entre gestionnaires et investisseurs via des mécanismes de partage de performance ;
- la souplesse réglementaire permettant une gestion plus agile et opportuniste.
➡️ Il convient de souligner que cette performance potentielle s’accompagne d’une forte illiquidité et d’une dispersion des résultats plus importantes que pour d’autres classes d’actifs. La sélection d’une société de gestion expérimentée et l’analyse approfondie de son historique de performance sont déterminants. Les risques sont réels.
Les risques inhérents aux FPCI
L’investissement en FPCI comporte des risques que l’on retrouve aussi dans d’autres classes d’actifs. Mais il faut faire particulièrement attention ici au risque de valorisation, bien plus important que pour des placements dans des actifs cotés.
Risque de perte en capital : contrairement aux placements sécurisés, le capital n’est nullement garanti. Les entreprises non cotées dans lesquelles investit le FPCI peuvent connaître des difficultés économiques susceptibles d’affecter leur valorisation, voire d’entraîner une perte totale de l’investissement. Vous pouvez – littéralement – tout perdre.
Risque de liquidité : les parts de FPCI sont par nature illiquides, avec une impossibilité de sortie anticipée avant l’expiration de la période de blocage (généralement 5 à 10 ans). En cas de besoin de liquidités, vous pourriez vous retrouver dans l’incapacité de récupérer vos fonds.
Risque de gestion : la performance du FPCI dépend intrinsèquement des compétences et de l’expertise de l’équipe de gestion. Une mauvaise sélection des investissements ou une gestion déficiente des participations peut compromettre sensiblement la rentabilité finale.
Risque de valorisation : l’absence de cotation des actifs sous-jacents rend leur évaluation plus complexe et potentiellement subjective, pouvant conduire à des écarts significatifs entre la valeur estimée des participations… et leur prix de cession effectif.
➡️ Ces risques expliquent pourquoi les FPCI sont réservés à des investisseurs avertis. Vous le comprenez, il faut être capable d’appréhender pleinement ces enjeux et de supporter financièrement d’éventuelles pertes sans que cela n’affecte le patrimonial global. Un placement qui, donc, si vous voulez investir en FPCI, doit constituer une partie réduite de votre patrimoine total.
L’avantage fiscal de certains FPCI
Passons à la fiscalité des FPCI, qui constitue un autre attrait majeur. Particulièrement pour les FPCI dits « fiscaux » qui respectent certaines conditions d’investissement.
Les FPCI fiscaux
Pour les personnes physiques, le principal avantage réside dans l’exonération d’impôt sur le revenu sur les plus-values réalisées, sous réserve de conserver les parts pendant au moins 5 ans. Ces plus-values demeurent néanmoins assujetties aux prélèvements sociaux au taux de 17,2 %.
Pour bénéficier de ce cadre fiscal avantageux, plusieurs conditions doivent être satisfaites :
- Le FPCI doit investir au moins 50 % de son actif dans des titres de sociétés européennes non cotées.
- L’investisseur doit s’engager à conserver ses parts pendant au minimum 5 ans.
- Les revenus générés doivent être capitalisés pendant cette période de détention.
Il est important de noter que, contrairement aux FCPI ou aux FIP, les FPCI ne permettent pas de bénéficier d’une réduction d’impôt à l’entrée. Leur avantage fiscal se matérialise exclusivement à la sortie, par une exonération des plus-values.
Pour les personnes morales soumises à l’impôt sur les sociétés, les FPCI fiscaux permettent de bénéficier d’un taux réduit d’imposition sur les plus-values, compris entre 0 et 15 % selon les situations, contre 25 % dans le régime de droit commun.
Les FPCI non-fiscaux
Les stratégies d’investissement de certains FPCI ne leur permettent pas de rentrer dans le cadre réglementaire des FPCI fiscaux. Les revenus et plus-values issus d’un FPCI non fiscal, autrement appelé FPCI « juridique », sont par conséquent soumis au régime de droit commun d’imposition des valeurs mobilières, à savoir la flat tax ou, sur option, le barème progressif de l’impôt sur le revenu.
Investir dans un FPCI
L’investissement dans un FPCI nécessite une démarche structurée et une analyse approfondie préalable, je crois que vous l’avez compris. Se lancer en solitaire ce n’est pas vraiment une bonne idée. Chez S’Investir Conseil, sachez que nous pouvons vous accompagner. Car il existe selon moins des étapes clés à ne pas griller pour investir en FPCI.
- Définir son profil d’investisseur : évaluer sa capacité financière, son horizon d’investissement et sa tolérance au risque.
- Sélectionner une société de gestion : analyser son historique de performance, la qualité de son équipe et sa spécialisation sectorielle.
- Étudier le règlement du FPCI : examiner sa stratégie d’investissement, ses frais, sa durée de vie et ses modalités de fonctionnement.
- Diversifier son exposition : ne pas concentrer excessivement son patrimoine sur un seul FPCI mais privilégier une approche diversifiée.
✅ L’accompagnement par un conseiller en investissement financier spécialisé est fortement recommandé pour naviguer efficacement dans cet univers complexe et sélectionner les véhicules les plus adaptés à sa situation patrimoniale.
En conclusion, le FPCI est un véhicule d’investissement sophistiqué qui offre un accès privilégié à l’univers du capital investissement, traditionnellement réservé aux investisseurs institutionnels. Sa souplesse réglementaire, son potentiel de performance supérieur et son cadre fiscal avantageux en font un instrument attractif. Oui, mais attractif pour les investisseurs qualifiés. Nous sommes tous désireux de diversifier notre patrimoine et d’avoir de la performance.
Mais les risques ici en jeu sont très importants pour les investisseurs n’ayant pas une mise de fond solide… et une bonne architecture patrimoniale. Même si vous recevez une somme d’argent importante, par exemple après un héritage, je ne vous recommande pas d’investir 100 000 € d’un coup en FPCI sans prendre le temps de bien évaluer votre appétence au risque et votre propre patrimoine financier et immobilier.
Illiquidité, perte potentielle en capital, et volatilité n’ont rien d’inédit, mais la complexité d’évaluation impose une approche prudente et sélective. Une analyse approfondie des fonds et un horizon d’investissement suffisamment long constituent les prérequis indispensables selon moi pour optimiser les chances de succès dans cette catégorie d’investissement. Besoin de vous faire accompagner ? N’hésitez pas à contacter mon cabinet S’investir conseil.👇
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