La retraite est un sujet sensible qui nous concerne tous. Comment continuer à percevoir des revenus une fois à la retraite ? En France, 2 grands modèles cohabitent : la retraite par répartition, et celle par capitalisation. Dans cet article, mettons le focus sur cette dernière : la retraite par capitalisation.
Retraite par capitalisation définition
Derrière le terme de « retraite par capitalisation » se trouve un concept très simple. Chacun se bâtit sa propre retraite, en épargnant voire plaçant de l’argent, de façon dédiée à cette phase de la vie. Et ce, indépendamment de la gestion des retraites menée par l’État. Comme nous allons le voir par la suite, ce type de retraite individuelle est un changement profond dans la culture française.
Culture et retraite fondée sur l’épargne
Origines de la retraite basée sur la capitalisation
Au sortir de la Seconde Guerre, l’espérance de vie en France est d’environ 65 ans. C’est également l’âge de départ à la retraite. De plus, le taux de fécondité est de 3 enfants par femme. Le gouvernement met alors en place un système de retraite par répartition (différent de la méthode par capitalisation).
Son fonctionnement : les actifs cotisent pour les pensions des retraités. Au regard de ces 3 chiffres, ce système est cohérent et permet de se maintenir :
- Espérance de vie = âge de départ à la retraite = 65 ans.
- En moyenne chaque femme donne vie à 3 enfants.
Ainsi, la règle du jeu en France va perdurer des années. Les actifs n’ont pas à se soucier de leurs vieux jours, car leur pension leur sera versée une fois à la retraite, grâce aux actifs. Qui eux-mêmes, bénéficieront du même mécanisme.
Evolution des chiffres
Toutefois, avec le temps la situation évolue. Le taux de fécondité est globalement en baisse :

Alors que l’on vit de plus en plus longtemps :

À la lumière des 2 graphiques ci-dessus, la problématique saute aux yeux. Les Françaises ont de moins en moins d’enfants, et les gens vivent de plus en plus longtemps. Une fois à la retraite, l’espérance de vie est d’environ 20 ans. Les conditions de pérennité de la retraite par répartition se sont donc érodées. Conséquence : le modèle des retraites en France doit s’adapter à ces changements profonds.
Retraite construite par l’investissement : une incitation selon un prix Nobel d’économie
USA et retraite
Au pays de l’oncle Sam, les travailleurs savent que le système de retraites mis en place par l’Etat est insuffisant. Ainsi, chacun sait qu’il est fortement recommandé d’anticiper sa propre retraite, en épargnant sur des enveloppes fiscales, semblables à nos assurances-vie françaises. Exemples : 401(k) et IRA (individual retirement account – compte de retraite individuelle). Malgré tout, par manque d’argent et/ou de culture financière, de nombreux américains ne consacrent pas suffisamment d’argent à leurs vieux jours.
Un plan incitatif
En 2017, l’américain Richard Thaler a reçu le prix de la banque de Suède en sciences économiques (en mémoire d’Alfred Nobel). R. Thaler a travaillé sur la finance comportementale. A savoir, les impacts de nos biais psychologiques sur nos décisions en finances.
Plus particulièrement, il s’est demandé comment faire jouer nos biais non pas contre, mais pour nous. Et concrétiser cette réflexion afin d’inciter les employés d’une entreprise américaine à plus épargner pour leur retraite.
Le plan « Save more tomorrow» (épargner plus demain) a été conçu dans cet esprit. Il se résume comme suit :
- Les informations de ce plan sont communiquées aux employés 3 mois avant leur prochaine augmentation de salaire.
- S’ils donnent leur accord, leur contribution mensuelle au plan retraite augmente avec le 1er salaire issue d’une hausse de salaire, puis reste constante.
- Leur contribution augmente automatiquement avec chaque nouvelle hausse de salaire, jusqu’à atteindre un plafond préalablement défini.
- chaque employé peut se désengager du plan à tout moment.
Objectif atteint
Ce plan est brillant dans la mesure où il est établi à partir des biais bien connus qui freinent les bonnes volontés :
- Par le biais de récence (ou disponibilité), le cerveau garde les informations données peu de temps avant la prochaine hausse de salaire.
- Le taux de contribution croît moins vite que l’augmentation de salaire, laissant ainsi l’employé profiter d’un salaire supérieur, tout en épargnant.
- Aucune action n’est requise : la hausse progressive de la contribution au plan est automatiquement déclenchée par une augmentation de salaire.
- La liberté de sortir du plan à tout moment est laissée à l’employé, mais doit provenir de ce dernier : ce léger effort requis dissuade la majorité de le faire.
Ce plan a été testé en 1998 dans une entreprise de taille moyenne, et a rencontré un franc succès. Sur la période observée, 98 % des 162 employés ayant opté pour le plan sont restés engagés durant 2 augmentations de salaire. 80 % après une 3ème augmentation. Ceux qui sont sortis du plan n’ont pas fait machine arrière pour autant : ils ont simplement laissé leur taux de contribution inchangé (sans hausses futures).
Conclusion : tous ces employés ont bien plus épargné pour leur retraite que si le plan ne leur avait pas été proposé. Belle démonstration de ce que la finance comportementale peut concrètement apporter aux épargnants.
Retraite par capitalisation vs retraite par répartition
Historiquement, le modèle de retraite français repose sur la répartition. Comme expliqué plus haut, il se montre de moins en moins adapté aux changements de l’espérance de vie et de la fécondité.
D’où la nécessité croissante de prendre en main sa retraite, en y dédiant une part adaptée de ses revenus. En raison de l’inflation, il ne suffit pas d’accumuler de l’épargne sur un livret A ou un fonds euro d’assurance-vie. Plus l’horizon de placement est lointain, plus l’allocation peut être raisonnablement constituée d’actifs risqués, mais rémunérateurs (ex : actions).
Différents moyens de se constituer une épargne retraite individuelle
En France, les enveloppes fiscales sont nombreuses. Les principales sont :
- l’assurance-vie ;
- le PEA et PEA-PME ;
- le compte-titres ordinaire ;
- le PER (plan d’épargne retraite) ;
- le contrat de capitalisation.
Les enveloppes fiscales en vue d’une retraite par capitalisation
Toutes les enveloppes fiscales citées plus haut permettent de préparer sa retraite par capitalisation. Toutefois, comme son nom l’indique, le PER devrait être étudié en 1er lieu. Les avantages fiscaux sont fixés par la loi, et sont donc communs à tous les PER.
Un PER bien choisi permettra, en plus, de bénéficier de faibles frais, ainsi que d’un large choix d’investissements (ETF, SCPI, etc.). Le PER devient intéressant pour les contribuables dont les revenus atteignent à minima la tranche d’imposition de 30 %. Dans le cas contraire, les autres enveloppes seront à privilégier.
Le système de retraite fondé sur l’épargne individuelle et la loi PACTE
Le sigle PACTE signifie : plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises. Au sein des textes longs et complexes que contient cette loi promulguée en 2019, se trouve le PER : plan d’épargne retraite. Avant la loi PACTE, de nombreux dispositifs retraites étaient commercialisés : article 83, contrat Madelin, PERCOL, etc.
Un des objectifs du PER est d’unifier en son sein cette multitude d’anciens dispositifs. Pour cette raison, le PER dispose de 3 compartiments, où chaque ancien dispositif trouve sa place, conservant ainsi son cadre fiscal.
Retraite par capitalisation : exemple avec un PER
2 types de PER
Un PER est généralement proposé par un assureur (PER assurance), parfois par une banque (PER bancaire). Considérons le PER assurance, nettement plus répandu car plus souple et plus intéressant en cas de succession.
Concrètement, un épargnant gère un PER assurance comme un contrat d’assurance-vie. L’assureur propose généralement les mêmes supports (comme des fonds d’investissements) pour les 2 types de contrats (PER et assurance-vie). En revanche, leurs flexibilités diffèrent. Un épargnant peut toujours faire des retraits d’une assurance-vie. Quant à lui, le PER est dédié à la retraite, n’autorisant les sorties de capital anticipées qu’à certains motifs. Exemples : achat de la résidence principale, décès du conjoint, invalidité, etc.
C’est la raison pour laquelle contrats d’assurance-vie et PER sont complémentaires : souplesse pour le 1er, et avantages fiscaux spécifiques pour le 2nd.
Optimiser les versements sur un PER
Afin de bien exploiter la déductibilité du plafond de versements, il faut tout d’abord regarder cette section de son avis d’imposition :

Retenons les hypothèses suivantes :
- revenus du foyer en année N-1 : 90 000 € ;
- nombre de parts : 2 adultes et 2 enfants = 2 + 2 * 0,5 = 3 ;
- « Plafond pour les cotisations versées en xxxx » (image ci-dessus) = total de 4 000 € ;
- tranche marginale d’imposition (TMI) = 30 % (figure sur l’avis d’imposition) ;
- valeur haute de la tranche taxée à 11 % = 29 315 € (donnée par le fisc) ;
Calculs sur versements
On multiplie ensuite cette dernière valeur par le nombre de parts : 29 315 * 3 = 87 945 €. La meilleure optimisation pour son PER est de verser ici : 90 000 – 87 945 = 2 055 € pour le foyer fiscal. Cette somme est inférieure au plafond disponible (4 000 €).
La part du plafond non utilisée sera automatiquement reportée sur les années suivantes. Elle sera de : 4 000 – 2 055 = 1 945 €. Les années suivantes, il conviendra de refaire le même calcul.
L’intérêt de cette démarche est d’exploiter au mieux le plafond de versements, en l’utilisant exclusivement dans la tranche d’imposition la plus haute, atteinte par les revenus du foyer fiscal, soit 30 % dans cet exemple. Verser sur le PER au-delà de 2 055 € serait moins optimal, car ceci consommerait du plafond pour les tranches d’imposition inférieures : 11 %, voire 0 %.
Exemple de retraite par capitalisation avec un PER
Illustrons une retraite par capitalisation avec un des meilleurs PER d’après S’investir : Linxea Spirit PER. Supposons un épargnant mettant en place des versements programmés comme suit :
- début des versements programmés à l’âge de 30 ans : 200 € mensuels ;
- hausse annuelle (bonne pratique) de 3 % de ces versements ;
- arrêt des versements à 65 ans ;
- performance annualisée de 6 % sur le PER.
On obtient alors le graphique ci-dessous, avec :
- en bleu : les versements cumulés ;
- en orange : l’encours atteint par le PER ;
- en abscisses : l’âge de l’épargnant.

A 65 ans, l’encours final du PER atteint 421 000 €, brut de fiscalité (avant impôts), pour un total d’environ 152 000 € de versements.
Les avantages et les inconvénients de la retraite par capitalisation
| Avantages | Inconvénients |
| Complète la retraite par répartition, souvent faible | Exige de réfléchir à sa future pension de retraite |
| Souple, chacun épargne à son rythme | Possible sentiment d’injustice (les aînés pouvaient s’en passer) |
| Levier fiscal du PER pour les foyers concernés (versements déductibles) |
En bref, l’histoire de la retraite en France s’est longtemps inscrite dans la solidarité entre actifs et retraités. Les paramètres clés de cette retraite par répartition ayant fortement évolué avec le temps, ce mécanisme arrive à bout de souffle. Que la retraite par capitalisation nous plaise ou non, elle devient progressivement incontournable afin de pouvoir profiter d’une retraite financièrement décente. Pour aller plus loin, suivez la formation offerte.