« Investir comporte des risques ». Cette affirmation, vous la connaissez forcément, Mais au-delà de la mention réglementaire, c’est une vraie prise de conscience qu’il faut avoir lorsque l’on se lance, en évaluant le danger pris selon la classe d’actifs que l’on sélectionne : risque de marché, risque actions, risque de liquidité, risque de change, il existe une pluralité de menaces à bien appréhender.
C’est là qu’intervient l’indicateur de risque, le Summary Risk Indicator (SRI), ou Indicateur Synthétique de Risque en français. Un outil pratique dont je vous détaille l’échelle, la méthode de calcul, le tout avec des clés pour investir de manière éclairée.
Le SRI : définition et rôle pour l’investisseur
L’évolution de la réglementation financière européenne a marqué un tournant significatif avec l’introduction du règlement PRIIPs (Packaged Retail Investment and Insurance-based Products), entré en vigueur le 1er janvier 2018.
Ce règlement a notamment instauré le SRI (en 2023), remplaçant ainsi le SRRI (Synthetic Risk and Reward Indicator) précédemment utilisé dans le cadre de la directive UCITS. Cette transition est à voir comme une avancée majeure dans l’harmonisation des pratiques et surtout le renforcement de la protection des investisseurs particuliers.
Car oui, la protection des investisseurs est devenue une priorité pour les régulateurs européens. L’introduction du SRI a permis de faire évoluer tant la manière d’évaluer que de communiquer 📣 les risques liés aux produits financiers.
Le SRI – dont je vous décrypte la méthode de calcul ci-après – se retrouve dans le Document d’Informations Clés (DIC). C’est LE support privilégié pour la communication du SRI aux investisseurs. Ce document normalisé présente de manière structurée les caractéristiques essentielles du produit financier. Il comporte une description détaillée, accompagnée de l’indicateur SRI mais aussi des scénarios de performance permettant d’appréhender le comportement potentiel du produit dans différentes conditions de marché, à la hausse 🔺 comme à la baisse 🔻. Une section spécifique est consacrée à l’analyse exhaustive des coûts, tandis que la durée de détention recommandée et les modalités pratiques complètent cette documentation réglementaire.
L’ancien indicateur SRRI (Synthetic Risk and Reward Indicator), utilisé dans le cadre de la directive UCITS, présentait des limitations importantes. Basé uniquement sur la volatilité historique, il ne prenait pas en compte certains aspects du risque. Le SRI intégre une approche plus complète et sophistiquée de l’évaluation des risques.
Conseil de Matthieu – Du SRRI au SRI
La méthodologie du SRI en détail
La méthodologie de calcul du SRI combine 2 composantes : le risque de marché (MRM) et le risque de crédit (CRM). Cette double évaluation permet une appréciation plus complète et plus précise du profil de risque global des produits financiers.
La mesure du risque de marché (MRM)
L’évaluation du risque de marché s’effectue principalement à travers le calcul de la Value at Risk (VaR) avec un niveau de confiance de 97,5 %. Cette mesure statistique 📈 permet d’estimer la perte potentielle maximale sur un horizon temporel défini. La méthodologie prend en compte la période de détention recommandée du produit et intègre des ajustements spécifiques pour les produits à effet de levier. Les scénarios de stress viennent compléter cette analyse en évaluant le comportement du produit dans des conditions de marché extrêmes.
L’idée est ici de mieux suivre la volatilité, c’est-à-dire l’ampleur des variations du cours d’un actif financier. Si la volatilité est élevée, l’espérance de gain est généralement plus importante. Oui mais, revers de la médaille, le risque de perte l’est aussi.
L’évaluation du risque de crédit (CRM)
Le risque de crédit constitue le second pilier du SRI. Cette évaluation s’appuie sur une analyse approfondie de la qualité des émetteurs et des contreparties impliqués dans le produit financier.
La méthodologie examine minutieusement la structure de subordination des produits, évalue la robustesse des garanties mises en place et mesure l’exposition potentielle au risque de défaut. Cette approche permet une compréhension fine des risques de contrepartie inhérents au produit.
L’agrégation des risques pour former le SRI
Le processus d’agrégation des risques est la dernière étape dans la détermination du SRI final.
➡️ Une matrice de combinaison spécifique permet d’intégrer les résultats des analyses de risque de marché et de crédit.
Cette méthodologie prend en considération les spécificités des produits financiers (dont les produits structurés) et reconnaît l’importance des effets de diversification. Les corrélations entre les différents types de risques sont également intégrées pour obtenir une évaluation globale cohérente.
Cette échelle SRI est très utile, que vous vous souhaitiez investir en Bourse en étant débutant ou que vous soyez déjà un investisseur confirmé.
Le niveau de risque associé à un produit financier n’est pas figé. Au contraire, l’émetteur est tenu de le tenir à jour au regard des éléments suivis. Ainsi, une SCPI qui présente un risque de 4/7 peut voir ce dernier changer et atteindre 6/7, et inversement. Si vous êtes déjà investi sur un produit dont le SRI change, vous pouvez vous en servir pour effectuer éventuellement vos arbitrages, et ainsi renforcer une position… ou sortir !
Conseil de Matthieu – Le SRI évolue dans le temps
L’échelle de risque et sa signification
L’échelle du SRI s’étend de 1 à 7. Le niveau 1 est attribué aux produits financiers présentant le profil de risque le plus faible, généralement les instruments monétaires de haute qualité. Les niveaux 2 et 3 correspondent aux produits présentant un risque modéré, comme les obligations de bonne qualité et les fonds diversifiés adoptant une approche prudente.
À mesure que l’on progresse dans l’échelle, les niveaux 4 et 5 englobent des produits comportant des risques plus significatifs, notamment les actions, les ETF et les obligations à haut rendement. Au sommet de l’échelle, les niveaux 6 et 7 sont réservés aux produits financiers les plus risqués, incluant les instruments dérivés complexes, les investissements sur les marchés émergents et les produits utilisant un effet de levier important.
Pour les sociétés de gestion et les émetteurs, l’implémentation du SRI représente un vrai défi. En effet, ces derniers doivent désormais maintenir une infrastructure permettant le calcul et la mise à jour régulière de l’indicateur. Cette responsabilité s’accompagne d’implications juridiques ⚖️. Il faut pouvoir justifier de l’exactitude des informations communiquées.
Du côté des distributeurs, la commercialisation des produits financiers s’est enrichie d’une nouvelle dimension. Les conseillers financiers doivent désormais maîtriser parfaitement la signification du SRI pour assurer un conseil adapté à leurs clients. La traçabilité des échanges avec les clients et la documentation des décisions d’investissement sont devenues des éléments centraux de leur activité.
Le SRI est particulièrement utile pour évaluer le risque des ETF, avec généralement un score situé autour de 4 sur 7 pour les ETF actions. En effet, pour les ETF synthétiques, qui utilisent des contrats financiers plutôt qu’un investissement direct dans les titres, le SRI intègre le risque de crédit lié aux contreparties, ce qui peut impacter significativement le niveau de risque global. En clair, c’est la solvabilité financière de ces institutions intermédiaires qui est aussi pris en compte, pas seulement celle de l’émetteur.
Conseil de Matthieu – Le SRI, votre allié pour les ETF
Les limites du SRI
Malgré ses nombreux avantages, le SRI présente certaines limitations.
- La première réside dans la simplification nécessaire d’une réalité financière complexe. En effet, la réduction des risques multiples à un simple chiffre peut parfois masquer des subtilités importantes du profil de risque d’un produit.
- La méthodologie de calcul, elle, repose sur des hypothèses qui peuvent se révéler restrictives dans certaines situations de marché. Les événements exceptionnels ou les crises financières majeures peuvent échapper aux modèles statistiques utilisés.
- Certains risques spécifiques, comme le risque de liquidité sur des marchés de niche ou les risques géopolitiques, ne sont pas toujours pleinement capturés par l’indicateur.
Autre limite du SRI, son adoption en remplacement du SRRI a entraîné quelques réajustements. Un peu à la manière des étiquettes énergétiques dont les seuils ont évolué sur les produits technologiques (télévisions, fours, lave-vaisselle, etc.). Plus précisément, avec le SRI, les fonds plus volatils bénéficient d’une classification plus clémente qu’avec le SRRI. Un fonds anciennement catégorisé 7 peut être descendu à 5, ce qui laisse penser à un risque réduit.
En conclusion, le SRI est un élément à votre disposition dans la « chaine de décision » qui doit mener à un investissement. Mais ne vous restreignez pas à ce chiffre seulement pour faire vos arbitrages.
Contribuant à la démocratisation de l’information financière et à la protection des investisseurs, l’introduction du SRI doit être saluée. Désormais, les risques sont mieux évalués, communiqués et compris par l’ensemble des acteurs du marché.
Bien que perfectible, cet indicateur s’est imposé dans le paysage financier. Sa méthodologie rigoureuse et son cadre réglementaire strict en font un pilier de la transparence financière.
À mesure que les marchés financiers continuent d’évoluer et de se complexifier, mais que les investisseurs sont eux de plus en plus nombreux (et jeunes) le SRI devrait continuer à s’adapter pour maintenir son efficacité et sa pertinence dans la protection des investisseurs.
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